Week-end de Pâques en approche, Marie Madeleine s'avère être un bon petit retour aux sources pour rappeler que ce ne sont ni Willy Wonka ni Jack Lang qui ont instauré cette fête traditionnelle... Garth Davis, réalisateur du magnifique Lion signe cette adaptation biblique centrée sur la figure féminine de Marie Madeleine, personnage mystérieux et incompris, très souvent jugée à tort de prostituée... J'ai été plutôt surpris de voir les mauvaises critiques que le film a reçu car, outre un récit d'une grande lenteur, tout est d'une qualité maitrisée et séduisante. Une véritable histoire démentant les préjugés est construite autour d'elle ; fille de pêcheur, elle refuse de se marier et de vivre un destin tout tracé. Son comportement rentre en désaccord avec les moeurs et devient problématique si bien qu'on la croit possédée. C'est dans cette incompréhension avec son entourage que sa foi envers Dieu se déploie jusqu'à dominer sa raison d'être en la menant sur le chemin de Jésus, supposé Messie aux puissants pouvoirs. L'interprétation de Rooney Mara est captivante, pleine d'empathie, de quiétude et de grâce sur la couche d'un feu ardent et palpable. Son binôme avec Joaquin Phoenix est intense : à la fois humain et mystique, c'est avec pudeur et audace qu'il campe Jésus de Nazareth, rôle auquel bon nombre d'acteur se prendrait le pied dans le cliché ! Les dialogues sont habités et repose la question de la légitimité de la foi et du pouvoir que nous avons en chacun de nous de la convoquer. L'émotion est tangible, marquée par des personnages secondaires justes (Tahar Rahim détourne toutes les idées reçues sur Judas) et une quête vers Jérusalem guidée par l'espoir d'une nouvelle ère. Même sans être croyant, on sait tous comment ça finit, et malgré cette prévisibilité, une certaine émotion se dégage, au service de l'Histoire, au service d'une vérité oubliée. J'ignore le degré de liberté qu'ont pris les scénaristes sur les écrits mais, malgré quelques temps morts qui auraient pu être déjoué, le propos résonne encore aujourd'hui : enfermés dans nos idéologies respectives, on s'arrête aux idées reçues et il est difficile d'avancer ensemble sur un même pas afin d'éviter les confrontations. La Marie Madeleine de Mara reflète alors la paix intérieure, la conviction et l'altruisme, qualités rarement communes à chacun de nos jours...