Mi sono innamorato di Marina.
Stijn est un habitué des biopics (Daens) et c’est une fois de plus dans une réalité historique et passée que le réalisateur nous plonge. Il s’agit ici d’un film belge pas comme les autres, un film qui nous immerge dans la dureté de la vie de l’après- guerre, celle des immigrés, de leur condition de vie, du travail à la mine. Même si près de septante ans nous sépare désormais de cette époque, il n’y a pas de décalage entre le spectateur et le film pour autant. L’histoire aborde des questionnements qui nous sont proches, cette envie de suivre ses rêves, ne jamais abandonner, se demander si l’on fait les bons choix, aimer et être aimé. Marina fut le titre qui tira Rocco Granata, chanteur et musicien d’origine italienne, de son anonymat durant les années 50 pour le propulser sur la scène internationale, c’est son histoire que Stijn nous fait découvrir.
Marina raconte donc l’histoire d’une famille d’immigrés italiens qui cherchent l’Eldorado en Belgique, et plus précisément en Flandre. Dès le début on comprend que le protagoniste est Rocco, le fils ainé de la famille Granata, et qu’il sera la pièce centrale du film. Pendant près de 2h, nous le suivons, nous l’accompagnons dans son combat pour le succès, dans ses réussites mais aussi ses échecs. Matteo Simoni est très convaincant dans ce film, on s’attache à son personnage, on partage ses espérances même si très souvent, son père nous ramène à la réalité, rappelant qu’il ne faut pas oublier que la vie n’est pas simple et légère comme nous pouvons candidement le croire.
Seulement voilà, Rocco ne veut pas faire ce qui a été décidé pour lui - étudier, obtenir un métier stable et de qualité - il veut poursuivre sa passion : jouer de l’accordéon. Rêve impensable et impossible pour ce fils d’immigré supposé finir à la mine comme son père. Ici, la symbolique du travail dans la mine est très forte, reflétant leur statut social de l’époque, il s’enterre, loin des flamands qui ne veulent pas de leur présence, tels des bêtes dans des tunnels à peine assez larges pour eux. Rocco fera ce qu’il faut pour aller au bout de son rêve, sans relâche il n’abandonnera pas sa quête, qui est la quête d’une vie. S’ajoute à cette histoire une relation d’amour avec la fameuse « Marina », une relation compliquée dans laquelle tout les oppose. Elle est flamande, lui italien, elle est issue d’un milieu modeste, lui pauvre, c’est ce dualisme qui sera contre toute attente le ciment de leur amour.
Les dialogues sont en italiens, néerlandais et même français, on se laisse voyager et porter par cette multiculturalité, qui, aujourd’hui, est devenue le point fort de la Belgique. Marina est un film délicat, plein de fougue et d’espoir, à voir absolument.