Ne jamais accepter les bonbons d'un inconnu.
The Woodsman est un film qui traite d'un sujet qui est mis de coté en temps normal : la pédophilie. Ici il n'est pas question d'émettre un quelconque avis, le spectateur est libre de se faire sa propre idée. Le film commence sur la sortie de prison de Walter qui a écopé de 12 ans pour attouchements sur mineures, c'est un homme froid, seul, qui a pour seule visite son beau-frère (puisque sa soeur refuse de lui parler depuis de nombreuses années). C'est dans une scierie qu'il trouve un boulot et rencontre Vicki.
Les journées de Walter sont toutes similaires, il va au travail en bus, il mange le même sandwich à sa pause déjeuner, il rentre de suite après en prenant la ligne 12 et il regarde la cours de récréation devant chez lui. L'image de l'enfant est constamment présente, on les voit jouer, on les entends rire et Walter commence à avoir de plus en plus d'hallucinations dans lesquelles une invitation apparaît (sous la forme du ballon rouge) pour aller à la rencontre des enfants. Il rédige un carnet, comme lui a conseillé son thérapeute, dans lequel il décrit Bonbon (Candy en VO), un homme qui est comme lui.
Plus le film avance et plus on comprend les émois qui le traversent, il ne se retrouve pas dans Bonbon, il ne veut plus être comme il est, et n'aspire qu'à une seule chose "être normal". On perçoit très vite à quel point Walter se sent coupable de sa condition, mais grâce à Vicki qui lui apporte son soutient il a un pilier sur lequel se reposer.
"Chassez le naturel il reviendra au galop".Le film avance et Walter a de plus en plus de difficultés à lutter contre ses démons, il commence à suivre Robin, les relations sexuelles avec Vicki deviennent différentes, le sergent qui surveille sa probation conditionnelle est insultant. On sent que quelque chose se rapproche.
Puis arrive la conversation avec Robin, petite fille de bientôt 12 ans, qui adore observer les oiseaux dans un parc. Et là, un parallèle s'établit entre elle qui surveille les oiseaux et Walter qui la surveille elle. Il lui dit qu'elle est jolie, elle conteste et il lui fait un beau discours sur le fait que ce qui est considéré par la majorité comme beau ne signifie par pour autant que ça l'est vraiment. Lorsque Walter est avec Robin, il est différent, il devient jovial, souriant, il va même jusqu'à rire pour la première fois du film.
Lors de sa deuxième rencontre avec la petite fille, elle lui dit une phrase d'une justesse et d'une réalité déconcertante pour Walter : "Mes amis c'est les oiseaux, ils voient que je les observe mais ils ne sont pas craintifs parce qu'ils aiment ça si ils savent qu'on ne leur fera pas de mal.". Tout est dit. Suite à ça, Walter tente une approche en proposant à Robin de s'asseoir sur ses genoux, face à son refus il n'insiste pas. Cette proposition fait écho chez la petite fille qui lui explique que son père a la même attitude envers elle. Dès lors Walter comprend que Robin est en réalité une petite fille abusée, il la laisse donc s'éloigner.
Le film se fini sur une note d'espoir. En effet, malgré tout cet acharnement, tous ces désirs et pulsion à ignorer, l'avenir de Walter n'est pas si sombre pour autant. C'est un film très touchant (même si l'histoire met beaucoup de temps à s'installer), qui permet d'aborder la pédophilie avec légèreté. On n'est pas choqué devant The Woodsman, même s'il y a quelques phrases qui dérangent comme lorsque Walter écrit "Si le petit garçon monte dans la voiture c'est qu'il en a envie". Kevin Bacon est très touchant dans ce film. On ne le juge pas, bien au contraire, on essaie de comprendre cet homme tourmenté par ses démons intérieurs qui essaie autant qu'il peut de tendre vers la "normalité", qu'il considère comme la solution absolue.