Confrontés à la rupture d'un couple d'amis, Woody Allen et Mia Farrow s'interrogent sur la pérennité de leur propre couple. "Maris et femmes" n'est sans doute pas le meilleur de Woody Allen, mais cette étude des sentiments amoureux est tout de même bien jouissive et bien amusante. Et assez noire, il faut bien le dire...
La première chose qui frappe dans ce film c'est le port de la caméra. A l'épaule, chaotique, lancée dans des travelling qui parfois donnent le vertige, traquant comme elle le fait les visages et les répliques. Cela donne un petit côté documentaire à l'oeuvre, côté qui est accentué par contraste avec des plans fixes d'interview des personnages. Perso, j'ai bien aimé ce parti-pris réaliste et journalistique.
Côté des thèmes abordés , on retrouve un Woody Allen intimiste (limite autobiographe) qui scrute ses personnages, les pousse dans leurs retranchements en les soumettant à un questionnement-mitraillette sur leur vie intime. Chacun y va de ses moments de sincérité et de ses moments de mauvaise foi. Un peu comme dans la vie quoi. Sidney Pollack est très bon dans le rôle du gars en crise qui profite d'un moment de fragilité de son couple pour sortir avec une jeunesse fort éloignée de ses critères habituels. On parle sexe, on parle ennui, on parle assez vachardement de cette condition humaine qu'est le couple.
Tandis que les personnages déroulent des attitudes contrastées sur le thème du "rebond" (surtout entre Lucy Davis et Liam Neeson) , Woody Allen se donne un rôle ambigu face à l'excellente Juliette Lewis, posant de manière claire (mais trop convenue je crois) la question de savoir qui "attire" l'autre, entre jeune et ainé...
J'ai toujours pensé que Allen était un cinéaste terriblement pessimiste et on retrouve cet aspect-là dans ce film, au milieu des sourires. Un peu manichéen, un peu trop mis en scène (les scènes de séduction ressemblent à des traquenards...), certes, mais recommandé, comme tous ses films.