Grand investigateur de l'Actor Studio, Martin Ritt a toujours aimé faire des films aux enjeux sociaux ("Traître sur commande", "Norma Rae"). Avec "Marjorie", on semble bien loin de tout cela... et pourtant pas tant que ça.
Ce film a tout du film romantique, dans le sens qu'il avait au 19ème siècle, l'exaltation pour la nature, le retour aux sources, la beauté de la vie. C'est donc un film plutôt polissé, agréable à l'oeil et aux oreilles, avec des belles images léchées, une belle musique symphonique, apte à plaire à un public plutôt adulte et bien pensant. Pour ne pas dire conservateur. Le genre de film qui aime concourir dans les grandes cérémonies du cinéma.
Pourtant derrière ce portrait assez sage d'une romancière libérée, Martin Ritt parvient tout de même à dépeindre en filigrane des problèmes de la société de l'époque: l'esclavagisme, la pauvreté du sud, la condition féminine, les violences conjugales, on soupçonne même l'inceste à un moment...
Le problème est qu'à force d'être trop subtile, le film gagne peut-être en finesse ce qu'il perd en efficacité. Au final "Marjorie" reste juste un beau film, agréable à regarder.
A noter l'interprétation de Dana Hill dans le rôle d'Ellie, qui est un de ses seul rôle au cinéma. Atteinte d'une maladie génétique qui ralentissait sa croissance, elle avait en réalité 19 ans au moment du tournage. Elle mourut à l'âge de 32 ans de sa maladie.