Dana Andrews et Gene Tierney à nouveau réunis dans un film de Preminger 6 ans après « Laura », voilà qui fait envie mais qui peut aussi faire craindre une déception. D’autant plus que ce « Mark Dixon, détective » ne semble pas être resté dans les mémoires. Finalement, ce film, sans atteindre le niveau de « Laura », est une jolie réussite.
Le scénario est très bien écrit et s’avère plus singulier que ce à quoi on peut s’attendre de prime abord. Si « Mark Dixon » est bien un film noir et en reprend nombre de codes, il a aussi un côté dramatique assez marqué. Ce mélange est à l’image du héros incarné par Andrews, à la fois un flic violent mais aussi un homme qu’on sent hanté par le poids du passé dont on découvrira la teneur bien plus tard dans le film.
On retrouve cette singularité dans l’aspect visuel du film. « Mark Dixon, détective » joue peu avec les ombres comme c’est souvent le cas dans le film noir. D’ailleurs, le film est finalement assez lumineux, il n’y a quasiment jamais de zones qui restent dans l’obscurité, rien n’est caché dans l’ombre. Les seules choses cachées sont à l’intérieur du personnage principal. Le côté introspectif du scénario se retrouve dans l’abondance de gros plans sur le visage de Dana Andrews. Ces gros plans sont donc nombreux et ils sont assez longs, semblant s’attarder pour mieux observer les émotions du personnage. D’ailleurs, j’ai trouvé Dana Andrews vraiment remarquable, il parvient à transmettre beaucoup à travers son regard, ce qui est mis en valeur par ces gros plans. A côté du personnage torturé incarné par Andrews, Gene Tierney apporte douceur et humanité. Son personnage est certes un peu lisse mais il offre un joli contraste avec celui de Dixon.
Sous ses airs de polar hard-boiled, « Mark Dixon, détective » est aussi un beau drame sur le thème de la culpabilité, très bien écrit, élégamment mis en images et magnifiquement interprété.