[Mouchoir #18]
Outre son formalisme de renom qu'il n'a en aucun cas volé — c'est à brûler la rétine —, Marketa Lazarová réussi un pari un peu fou : transposer à l'écran une légende contée, sous la forme d'une poésie dialectique. C'est un montage d'images qui ne devraient pas être rassemblées, lointaines — comme l'art que pratiquaient les Surréalistes —, et qui permet ainsi des rimes visuelles, revendiquant dans leurs juxtapositions un certain caractère inséparable niché dans leurs contradictions, un point médian où s'ouvre l'esprit qui y cherche les ponts possibles, féconds.
Les frontières se dissolvent entre les domaines de l'agonie et de la renaissance, de la miséricorde et du châtiment, du sacré et de l'impie, de la civilisation et du sauvage, de l'Homme et du Loup, du mystique et de la barbarie, de la malédiction et de la bénédiction, du sublime et de l'horreur, de l'érotisme et de la guerre. C'est l'histoire immortelle d'Éros et Thanatos, bataillant sous la forme onirique d'un récit d'apprentissage entre le Bien et le Mal, au moment où le paganisme lance un ultime assaut contre le christianisme. Deux points de vue, un seul champ de bataille.
8,5.
[06/08/18]