Qu'on se le dise, une bite n'aura jamais été aussi mignonne, adorable même, que dans le Marquis de Xhonneux et Topor. Le membre en question appartient à Marquis, c'est-à-dire une transposition pas du tout déguisée du Marquis de Sade, et il est un personnage éminent du film au même titre que son auguste propriétaire. L'oeuvre de Xhonneux est un biopic dans lequel on suit Marquis, enfermé dans la Bastille peu avant la Révolution Française, au milieu des avanies d'un geolier libidineux qui conditionne le service du homard à celui du braquemard, d'un gouverneur maso, et d'autres malheureux pensionnaires toutes et tous (Justine et Juliette par exemple) tirés du cerveau malade de Sade (le vrai). Les dialogues sont savoureux, baignés qu'ils sont dans l'huile de la langue du XVIIIème mais surtout des fulgurances pornos de celle de Sade. Esthétiquement, on navigue dans des eaux plus que troubles entre "Wallace et Gromit" et le cinéma d'auteur (ça veut rien dire c'est vrai) venu de la Belgique de Xhonneux. Et ce pour une bonne raison: le parti-pris de cette vision, pleine d'entrain, de l'oeuvre sadienne est d'affubler chaque personnage d'une face d'animal. Si pour l'ancien secrétaire général du Parti Communiste Chinois le Dalaï Lama était un "loup à tête d'homme", Marquis est ici un homme à tête de chien, Justine une femme à tête (et mamelles) de vache etc etc. Entre le carnaval animalier, le courage de la réalisation et des auteurs, l'hommage rendu à Sade, et les conflits d'intérêts entre Marquis et sa teub, on obtient un sacré condensé de la "furia" sadienne. Je ne saurais le recommander assez.