Enfin un divorce au cinéma qui "fait vrai". Enfin un traitement sans filtre de ces couples qui se déchirent avec des avocats pour obtenir la garde partagée de leur gamin et perdre le moins possible, alors qu'ils étaient prêts au départ à juste bien s'entendre sur l'issue de ce mariage.
Baumbach filme la sincérité des moments qui compose son film. Il installe sa caméra, laisse ses acteurs jouer plusieurs minutes, et on passe à autre chose. Et c'est ça qui est beau, je n'ai jamais vu Scarlett Johansson et Adam Driver aussi bouleversants que dans ce film. Ils ont vraiment joué le jeu, ont donné tout ce qu'ils avaient pour que ce couple soit crédible.
Ce qui est assez fort avec ce film aussi, c'est que le réalisateur ne nous incite pas à prendre parti pour l'un ou pour l'autre. Ils s'aiment, mais leur couple ne marche pas, d'où ce divorce. On nous dit (on ne nous les montre pas) pourquoi ils se séparent, et on n'arrive pas à juger à ce moment-là car on n'a rien vu de tout cela, on ne sait pas comment ça a été déclenché réellement. Mais surtout ce qui est très puissant, c'est qu'on sent que ces deux personnes se sont aimées, et s'aiment toujours d'une certaine manière. Car le film démarre avec la liste des choses que l'un aime chez l'autre, parce qu'on nous montre le couple idéal pendant la moitié du film, et son déchirement pendant l'autre moitié. Mais pour montrer le déchirement, le réalisateur part toujours de l'image du couple idéal pour la détériorer au fil des minutes.
Il y a très peu de musique, la mise en scène est très sobre et efficace. On montrera par exemple la séparation des personnages en montrant une conversation téléphonique entre les deux où leur regard est dirigé à l'opposé l'un de l'autre, comme s'ils avaient pu être face à face. En les montrant tous les deux avec leur fils mais avec le fils qui les sépare d'une manière ou d'une autre dans le cadre, c'est vraiment bien vu. La photographie est plutôt jolie, très contrastée et granuleuse, avec un ratio atypique pour les films qui sortent de nos jours, à savoir visiblement du 1:66.
Un très beau film, poignant et très juste.