D'abord, je ne regarde pas les films Netflix. C'est très certainement un mauvais préjugé à la Frémaux, mais je suis une fille qui se respecte.
Ensuite, il y a eu un casting interessant (Scarlett Johansson et Adam Driver), il y a eu une critique élogieuse de Sergent Pepper avec un titre conjoncturel (https://www.senscritique.com/film/Marriage_Story/critique/208014856), il y a eu la jolie taxe du CNC qui devrait forcer la plateforme à financer français, et puis, pour m'achever, il y a eu un commentaire louangeur du film par Alain Finkielkraut sur Répliques (https://www.franceculture.fr/emissions/repliques/variations-sur-la-rupture).
Je profite de mon séjour chez mon amie dépressive pour regarder le film, elle venait de se faire plaquer, c'est une histoire de mariage, ca tombait à pic.
Marriage Story n'est pas un film sur le mariage. Ni directement, ni par raisonnement inversé. C'est un film sur le divorce et c'est à peu près tout ce qu'il propose. Le film traine beaucoup sur un scénario qui ne demandait déjà pas 2h20 de pellicule, et il s'augmente encore de redondances ennuyeuses (les coups-bas, la réminiscence de quelques brins d'affection, le choix des avocats, le sort du fils gâté...).
Le traitement réservé à la complexité d'une rupture qui n'est jamais totale, qui ne se consomme pas, qui égrène toujours un peu d'amour malgré l'acte de divorce et les ressentiments, est interessant, mais c'est un peu juste parce que tout cela tourne en rond et qu'il y manque une conclusion.
Je voulais une histoire de mariage, j'ai eu une sorte de récitation interminable et suspensive qui donne faim d'une fin.
Du reste, le tandem Johansson / Driver est moins réussit qu'il ne me paraissait prometteur. Il est vrai qu'une belle scène d'engueulade leur permet de déployer leur jeu, mais pour le reste, le couple est assez fade, voir creux. L'autre duo de seconds rôles interprétés par Laura Dern et Ray Liotta est infiniment plus jubilatoire, il remue heureusement ce lent récit et en vient même à éclipser les premiers rôles.
Dans le genre Sam Mendes a réalisé un chef d'oeuvre, Les noces rebelles, plus puissant et plus tragique, et ca n'était pas une production Netflix.