Coup de foudre pour Adam Driver. Saisissant, il incarne Charlie, un metteur en scène de théâtre au génie reconnu par tous ; seulement, sa vie c'est le théâtre, et Scarlett est pas ravie de se voir mettre à l'écart et d'assister à la fuite de son bonheur, malgré son statut de vedette des pièces de son mari.
Leur fils Henry est à ses dépends le spectateur de la séparation progressive de ses parents.
Noah Baumbach réalise avec un grand talent ce drame aux allures simples. Il parvient à trouver la perfection dans la tragédie, évoquant les différentes blessures de l'âme tel que l'abandon et surtout l'injustice. La monstruosité des avocats ou l'inhumanité de l'évaluateur de couple jurent avec l'espoir d'un renouveau et installent cette ambiance de cauchemar dont on rêve de sortir. On pourrait penser qu'on a là une critique travaillée (et peut-être une histoire personnelle) de la vision actuelle de l'amour où le règne de la subjectivité a succédé à celle de l'union des corps et des coeurs : victime d'une carence affective aigüe (et de plus en plus imaginaire) Nicole s'enfuit et se fuit, son identité fond au fil des minutes. Par l'effondrement du couple, celui de la personne apparaît comme la conclusion inévitable d'un idéal trahi, où la désunion égoïste de deux êtres influe inexorablement sur le troisième qui n'a vraiment rien demandé.
Triste mais réaliste, on en regarde le générique et on essuie nos joues encore humides de la scène centrale si farouche et si belle où les concernés s'affrontent et font devant la caméra une place pour le théâtre. L'alliage des deux arts est à la hauteur et pourrait même nous consoler de cette histoire de mariage. Les lacets d'Adam resteront-ils noués ?