« Charlie sait se faire à dîner et repasser une chemise. »

Marriage Story ne doit ses bonnes notes qu'à la sympathique performance du duo d’acteurs qui sauve littéralement un scénario insipide et une mise en scène plate. Le film relève presque du documentaire caricatural où on suivrait un père égocentrique naviguer maladroitement à travers les affres d'un divorce qu’il a lui même provoqué, le tout avec avec une naïveté acerbe. La force du film sera finalement de nous montrer la banale cruauté du patriarcat à travers le prisme du divorce, la façon dont l’homme est toujours au centre de l’attention et de l’empathie peu importe les torts accumulés - heureusement le personnage salvateur de Nora vient d’ailleurs le souligner habilement, sinon on se serait quasiment cru dans un subtile plaidoyer masculiniste…

En fait je ne sais pas ce que ce film a essayé de montrer, mais tout ce que j’y ai vu c’est un pauvre typé gonflé d’orgueil par son statut de metteur en scène new-yorkais qui a perdu sa famille à force de la négliger et de la rabaisser, puis qui passe 2 heures à la torturer par pure rancoeur. Le pire c’est que j’ai impression que le film a essayé de me le rendre sympathique en lui accordant les 3/4 du temps d’écran.

Là où Marriage Story est très bien fait, c’est dans sa pertinence à brosser le portrait de la famille bourgeoise moderne dans toutes ses contradictions hypocrites. Ainsi des les premières minutes du film on nous explique que maman a du caractère et une carrière et papa est un doux rêveur qui aime faire la vaisselle et « être un bon père ». Et pourtant sous le vernis de la relation de couple du XXIe siècle, on retrouve bel et bien les vieux ressorts patriarcaux : maman s’est effacée pour que papa puisse briller, papa néglige et trompe maman. On y retrouve d'ailleurs une multitude de petites scènes "classiques" de la vie de couple, comme quand monsieur troue le placo à coup de poing pendant une dispute avec madame.

Le film fait tout pour essayer de nous mettre en empathie avec Charlie, Charlie est tellement cool, Charlie ne veut surtout pas se ruiner en avocats, il veut régler ce divorce "à l'amiable"… En réalité, s'il ne veut pas recourir aux avocats c’est par ce qu’il sait très bien qu’il a l’ascendant psychologique sur sa femme étant donné qu’il a passé toute sa vie à lui dicter ses choix (carrière, lieu de vie etc...) et à l'humilier (tromperie sous son nez avec sa propre collègue sur son lieu de travail dans sa troupe qui est sa 2ème famille), et qu’il espère pouvoir continuer à le faire dans le cadre de ce divorce. Sauf que la magie n'opère plus, elle s'est évanouie avec leur relation.

Queeee c’est pénible de regarder cet homme qu’on nous vend comme si doux et si gentil, se mettre à péter des câbles sur toute sa famille quand elle fait preuve de libre arbitre et refuse d’endurer sa négligence plus longtemps et qu’elle ne se comporte pas exactement comme il le souhaite.

Pire encore ! Au milieu du film on voit enfin son vrai visage ! Non seulement ce « Nice guy » veut forcer son fils à vivre à New York alors qu’il est évidemment plus épanouis chez sa mère, proche de sa famille, de sa grand-mère, de tous ses cousins, et dans sa nouvelle école; mais pire encore, il calomnie sa femme en l’accusant d’un alcoolisme qu’elle n’a même pas, et cherche même à lui extorquer des fonds !

Queeeee c’est agaçant de voir cet homme s’accrocher à tout prix à une famille qu’il a tout fait pour perdre dans un premier lieu !!!

Le film est parfois bien fait avec des mises en abîmes intéressantes : le mari est un « metteur en scène » et toute sa vie bin est qu’une minable mise en scène, jusqu’à la manière dont il aménage son appartement californien, la manière dont il fait faire un costume à son fils et veut lui faire porter contre sa volonté. On a en filigrane un affrontement superficiel théâtre européen VS cinéma hollywoodien et la culture qui va avec...

Bref, pour conclure je ne vous recommande pas du tout de regarder ce film, c'est une perte de temps, c'est agaçant, on se fait pas mal chier, tout n'est pas à jeter mais l'intrigue ne mérite certainement pas plus de deux heures !