Martin est un jeune homme timide et réservé qui cache une habitude assez étrange. En effet Martin a besoin de boire du sang et pour se fournir il tue des gens. Il vit chez son oncle qui connait sa fâcheuse manie et le traite comme un vampire : gousse d'ail, crucifix, rites catholiques sont donc le pain quotidien de la maisonnée.
Le film traite du vampirisme avec originalité. S'il semble acquis qu'il ne vieilli que très peu (via des flash-back un peu cheap), il ne craint ni le soleil, ni les babioles du clergé.
Le vampirisme est traité d'un point de vue plus intime, Martin le vit comme une maladie qui l'empêche d'avoir des relations normales avec les autres. D'ailleurs lui même n'utilise jamais le mot et tourne en dérision les clichés du genre (cape noire et rouge, teint blanc, dents longues) pour pointer du doigt l'attitude ridicule de son oncle à son égard.

Car à travers cet oncle arc-bouté sur ses traditions c'est toute la religion qui est raillée par Martin. George Romero lui même s'amuse à passer la défroque d'un curée plus porté sur la nourriture et le vin que sur la spiritualité. Une charge virulente contre les archaïsmes et les contradictions d'un dogme en décalage complet avec son époque.
Une époque déprimante si on en juge par le malaise qui habite la quasi intégralité des personnages : Jeunesse en panne de perspective, femmes au foyer en mal d'amour...
L'autre particularité notable du film est la violence des attaques couplée au grand soin que Martin essaye d'apporter à ses victimes, il est presque compatissant malgré sa détermination... et c'est finalement cette ultime part d'humanité qui l'habite qui lui posera problème, comme une ultime ironie.

Sur le fond Martin est original mais le traitement manque de force. Il faut l'avouer, Martin est quand même un peu chiant à regarder. La mise en scène est plutôt inspirée (hormis les fameux flashback cheap) mais la narration patauge. Martin donne la sensation d'un court-métrage allongé avec ses détours inutiles (la séquence un peu ridicule avec les flics) et ces moments étirés pour pas grand chose. Le réalisme âpre du traitement fini par alourdir l'ensemble.
La vision de Martin laisse un sentiment étrange, d'inachevé. Reste un film à découvrir, loin d'être idiot mais un peu bancal.
Vnr-Herzog
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le 2 août 2011

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