Le réalisateur Pietro Marcello tente d'inclure dans son film toute la sombre complexité du roman de Jack London, en y ajoutant une propre interprétation politique. Il est du coup obligé de procéder à de larges ellipses et à de coupables raccourcis, ce qui nuit beaucoup à la consistance de l'histoire et du personnage principal.
Ses choix plastiques (de curieux inserts de films anciens, un grain de photo qui fait vieux, un décor qui n'est pas précisément situé ni dans le temps ni dans l'espace) sont osés. Pour ma part il m'ont empêché dès le début du film, et jusqu'à la fin, d'entrer véritablement dans l'histoire de Martin Eden.
Au-delà de la photo, c'est d'ailleurs toute la mise en scène qui m'a semblé être un fastidieux exercice de retour vers le passé. Des cadrages plein visage au dernier plan rougeoyant, la plupart des images du film me sont apparues laides, compassées, datées. La prestation de l'acteur Luca Marinelli, assez artificielle, lui a valu de devancer inexpliquablement Joachin Phoenix (dans Joker) pour le prix d'interprétation masculine, lors de la dernière Mostra de Venise.
C'est pour moi, qui ai lu le livre il y a quelques mois, un affront fait au chef-d'oeuvre de Jack London, ici illustré de la pire des façons.
http://www.christoblog.net/2019/11/martin-eden.html