Le personnage de Martin Eden inspire par sa sincérité, sa dévotion et sa force de travail.
Il croit voir de la grandeur d'âme dans la beauté bourgeoise d'Elena (Ruth). Il admire ses pratiques, son langage et ses manières de penser. Elle incarne l'esprit transcendant qu'il entreprend de rejoindre par les études et l'écriture.
De son ascension intellectuelle il comprend que la bourgeoisie entretient un rapport faux, hypocrite, au savoir et à la culture. Ce rapport est celui d'un intérêt bien compris duquel la passion est étrangère. L'éducation est un vernis qui sert à légitimer leur position sociale dominante aux yeux des non-initiés, mais qui ne la fonde pas. C'est bien l'héritage et l'entre-soi (la conscience de classe pourrait-on dire) qui assure cette conservation.
Schématiquement, Martin Eden emprunte ce chemin : admiration, ambition et labeur, puis désillusion.
Du reste, j'ai peu compris les développements de sa pensée sur le socialisme et l'individualisme. Mon souvenir du livre sur ce point est trop lointain pour que je puisse m'y raccrocher. Je crois manquer un développement important de l'histoire.
Concernant l'esthétique du film, j'ai aimé le rythme et la composition des plans larges. J'ai eu plus de mal avec l'insertion de certaines images d'archive et la temporalité fluctuante de l'environnement.