Elle vendait des graines et des oiseaux et tenait une graineterie : un commerce aujourd'hui disparu comme tant d'autres, qu'elle a hérité de son mari et qu'elle tient avec son oncle...Et convoitée par trois hommes différents.... A 45 balais, comment croire Marlène Dietrich dans ce rôle qu'elle joue du reste très mal...Et pourtant, que de soins autour d'elle qui comme Gabin, son véritable amant depuis 1941, refusait de jouer pour l'envahisseur nazi...
L'acteur avait du métier et connaissait le cinéma : "quand tu as une bonne histoire, tu fais un bon film prônait-il !" Sans doute est-ce pour cela qu'il avait acheté les droits du roman de Pierre René Wolf (1899-1972) onze ans auparavant...
Mais les producteurs ne se battaient pas... Pourtant à l'époque, les français avaient envie furieusement d'oublier la guerre et de s'amuser. Cependant, malgré un titre bizarre, le scénario comprennait tous les ingrédients d'un film à succès : une veuve qui s'ennuie, trois amoureux transis, un crime passionnel, un tribunal d'assises...
Avec le temps, cette histoire ne serait plus trop crédible aujourd'hui et pourtant elle nous fait respirer une ambiance que les moins de quarante ans n'ont pas pu connaître. Et à l'opposé des de celle des films stéréotypés , aseptisés des téléfilms du service public français genre "Meurtres (crimes)... à " qui sentent la naphtaline à force de ressembler comme deux gouttes d'eau à la réalisation précédente. Miracles dus aux résultats désespérants des copier/ coller de l'informatique : les ordinateurs n'ont aucune imagination.
Ce film est le seul qui ait réuni les deux amants au cinéma, peut-être même offert par Gabin à sa maîtresse qui, à 45 ans, n'a déjà plus le charme des jeunettes de la génération montante...
Comme le dit sa fille : "Marlène connaissait depuis trop longtemps Gabin pour simuler la joie, l'excitation d'un couple qui se découvre au travers d'étreintes passionnelles ... D'où une absence de sensualité criante dans leurs rapports"... Ca sent le train-train d'un vieux couple...
Pourtant quand elle tournait, Gabin était toujours aux côtés de la caméra pour la conseiller, la couver : une marchande ne se comporte pas comme une dame de la "haute", rôles plus habituels de Marlène. Se substituant là aux conseils que Georges Lacombe, le réalisateur de 31 films (1902-1990) aurait dû lui prodiguer. Après 31 films dont "la nuit est mon royaume" le réalisateur avait fini par "pantoufler" pour la télévision...
Les critiques de l'époque avaient à juste titre éreinté ce film... Difficile de croire à tout ça avec un casting n'ayant rien d'exceptionnel et une star sur le déclin : je n'ai jamais non plus aimé Marlène Dietrich et son horrible accent....
Mais ce film n'a pas dû décevoir les cinéphiles de l'époque : ils ont été 2 491 431 à se ruer dans les salles , avec une rentabilité certainement confortable (film rapidement tourné, sans grands moyens ni acteurs importants, excepté le couple vedettes)
Ce qui n'a pas réussi cependant à la faire figurer dans les meilleurs quarante premiers du box-office de 1946 : Pinocchio cette années-là culminait avec près de 8 millions de spectateurs. Et pourtant, lui ne fait plus l'objet de rediffusions...
Étrange ?
Arte le 11.07.2022-