"T'es pas aussi cageot que tu penses" - C'est sûr, Marty a le bon mot pour charmer les filles ;)
Dans la série des "films à avoir vu", "Marty" est plutôt bien situé : 4 Oscars, la première véritable Palme d'Or; et un Golden globe l'année suivante ...
Le boucher d'origine italienne du Bronx se trouve moche et cageot ("dog", en VO), et est une bonne poire qui se fait chambrer par ses potes et ses clients ("vous devriez avoir honte de n'être toujours pas marié).
Il se rend dans le dancing "loaded with tomatoes" ("blindé de pépées", disent les sous-titres .. j'ai appris un mot d'argot américain sur ce coup-là !) et se trouve une fille comme lui : peu sûre d'elle, timide et qui se trouve moche. Le reste de l'histoire n'est pas bien compliqué à deviner. Même si, au final, les personnages sont bien moins repoussants qu'ils le prétendent.
Ce qui est intéressant dans le film, c'est la manière dont ce thème est amené : il n'est pas misérabiliste (on n'est pas encore dans les Golden Sixties, le spectre de la guerre est encore là mais il n'est pas une seule fois évoqué dans le film) ni trop moderne (c'est vers cette année que démarre la Nouvelle Vague de l'autre côté de l'Atlantique) : le film est honnête, plutôt positif et revisite le schéma classique des "laissés pour compte qui se trouvent et s'unissent" avec une justesse presque émouvante.
Marty "doit" se marier, sa maman le pousse même à sortir pour se trouver une fille. Mais évidemment quand il en ramène une à la maison , elle ne lui plaît pas, "elle n'est pas d'origine italienne" (mais bien catholique, ouf !) , et elle le lui fait comprendre rapidement. Mais l'amûûr est plus fort que tout !
Côté jeu des acteurs, on est toujours dans le théâtral de ces années-là : les "crises de colères" de Marty (face à sa mère qui le force à sortir ou Clara qui refuse de l'embrasser au premier abord) sont un brin cabotines, mais ça ne devait gêner le public de l'époque vu les prix et les éloges du film. Aujourd'hui, on ricane un peu ;)
A noter au passage que Besty Blair (Clara) n'aura pas eu une filmographie de feu après ça, mais a quand même donné une fille à Gene Kelly (eh oui...), là où Ernest Borgnine a quand même envoyé du pâté dans près de 150 films, dont The Wild Bunch (La Horde Sauvage, 1969), New York 1997 (1981) ou même Gattaca (1997, second rôle), et est mort en 2012 à 95 ans.
Nous avons été tous bien enchantés par le film en tout cas, qui a quand même 60 ans !.