Martyrs n'est pas un film facile. Loin de l'image de film opportuniste et voyeur auquel on pourrait le coller comme la plupart des torture-flicks aujourd'hui, le film de Laugier est probablement l'un de ces rares films de genre qui sait émouvoir et faire réfléchir. En nous confrontant à cette fascination morbide que chaque homme a face au plus grand mystère de la vie, la mort, le réal désoriente et destabilise sans cesse, se jouant des codes cinématographiques et de l'humanité qui est en chacun de nous pour mieux nous passer son message. Quel est notre place, notre implication face à cette civilisation plus que jamais ultra-violente ? Dans quelle mesure ne sommes-nous pas semblables aux (mauvais) protagonistes de Martyrs ? Pour un fan de film de genre comme moi, la question est brûlante. Malgré des séquences d'une dureté difficilement supportables, Martyrs est de ces films qui vous transforment. Vous font voir le monde légèrement différemment après être sorti de la salle. On aime ou on déteste, et je serais bien le dernier à ne pas comprendre un spectateur qui pourrait rejeter en bloc cette oeuvre. Ce n'est pas le film qu'on re-visionnera tranquillement un dimanche dans le canapé. Comme Noé ou encore Marina de Van avant lui, Pascal Laugier revient à une fonction primaire du cinéma, n'en déplaisent à certains. Celle de montrer un visage, certes pas agréable, mais pourtant bien réel de notre monde. Et ce sans chercher à protéger le spectateur, mais plutôt en essayant de le faire réagir en le provoquant, comme une sorte de désenchantement nécéssaire pour mieux appréhender son environnement. Regarder en face la part d'ombre de l'humain. Pour en apprécier à sa juste valeur, le meilleur.