* Lamentations maladives *
Le premier film qui depuis mon enfance est parvenu à me maintenir éveillée et frissonnante durant la quinzaine de jour qui a suivi son visionnage. Je l'ai vu sur grand écran et j'imagine que cela a forcément eu un impact conséquent sur mon ressenti qui a suivi.
Je partais avec beaucoup d'appréhension et en attendais énormément, ayant entendu à de nombreuses reprises que ce film était perturbant. Je le dirai même innovateur dans un certain sens, en tout cas à mes yeux. Certes, beaucoup de sang pour finalement pas grand chose et les tortures qui y sont ne sont pas des plus extraordinaires, d'ailleurs la dernière est assez grossière ... Mais soit, je n'ai pas accordé un 8/10 pour rien.
Il y a des scènes sordides, dérangeantes voire insupportables. Les lamentations répétées, les cris désespérants et les pleurs larmoyants qui s'écoulent durant des minutes interminables résonnent encore en permanence dans ma tête. Les pas qui frôlent le sol, avec toute la difficulté qu'un corps lourd a à se traîner, les efforts vains et sans doute toute la hargne, la colère, la détermination que possède la protagoniste principale ne m'ont pas laissée de marbre. J'aime également beaucoup l'histoire, le rappel étymologique du terme "martyr", resituant vraiment (et je trouve que cela devient de plus en plus rare) un mot, renforçant intensément le choix du titre qui n'est donc pas anodin. Réfléchi ? Je n'irai peut-être pas jusque là, mais j'aime beaucoup la psychologie et l'esprit scientifique (bien que religieux) qui découle de ce film. Je l'apprécie donc beaucoup pour ses qualités sonores, pour sa lourdeur, son intensité dans les émotions et parce qu'il a eu le mérite de me déranger fortement, de me dérouter et d'empêcher mes rêves habituels de se manifester pour laisser place à la crainte, la fureur nocturne.
Il se laisse facilement regarder, même s'il perd vraiment de son charme sur petit écran. Il faut se plonger à l'intérieur de l'histoire, s'attacher aux personnages et vivre avec lui dans cette maison comme s'il s'agissait de nos propres découvertes sinon, effectivement, il est assez difficile de s'accrocher. Quoiqu'il en soit, une fois attrapé à l'intérieur de l'intrigue, on se projète dans la torpeur, le monstrueux.
Je n'ai su le visionner qu'à deux reprises. La première qui a été assez traumatisante, il faut le reconnaître et la deuxième où j'ai dû volontairement me déconnecter parce que le son ne permettait pas de saisir les moindres respirations, les bruits cachés mais destructeurs et que la qualité de l'image n'était franchement pas de la partie. Je l'ai pourtant acheté à sa sortie en dvd, il meuble très haut dans ma pile cinématographique des oeuvres qui sont criantes, volontairement prenantes et différentes. Et malgré cela, je n'ai pas eu le courage de retenter l'expérience ... A qui veut l'entendre, puisse-t-il supporter les lamentations à ma place.
Puis rien que parce que le film est français, ça méritait bien une bonne note héhé !