J'ai vu le film en AVP à Strasbourg . Les premiers mots qui me sont venus : pureté , chemin , retour , harmonie et amour . Cela peut paraître étrange , mais Marvin ( gay) m'a fait ressortir des émotions enfouies , m'a fait verser des larmes d'empathie et m'a mis dans un état de quiétude.
Marvin , où les 2 personnages ( enfant-jeune adulte) se renvoient dans une confrontation intemporelle magnifique , où le grand sauve le petit symboliquement en devenant son père protecteur , relève de la grâce .( j'y reviendrai au sens spirituel également ) . Marvin jeune (Jules Poirier ,révélation comme Sandrine Bonnaire ( A nos amours), Laure Marsac( La pirate),Jérémie Rénier( La promesse) au même âge , comme une évidence ) et adulte Finnegan Olfield ( après des seconds marquants) devient le protagoniste , ange de Cocteau , Laurence Harvay 2017 ou comédien idéal pour les jeunes héros de André Téchiné incarne un Marvin en reconstruction avec distance , détermination , sans pathos ,se nourrit de sa lumière pour nous la restituer.
Le film passe de scènes d'enfance et d"adulte dans le parcours de Marvin avec une fluidité avec la logique du coeur , sans spolier le film , le héros va quitter son statut de souffre-douleur pour atteindre une sublimation dans l'art de l'écriture et de l'acteur , en passant par des étapes d'acceptations y compris de sa différence
. Donc , je vais me limiter aux comédiens tous magiques: Berling ( en Pygmalion sexuel , seule réserve au film car trop cliché), Huppert ( mutine ,et marche pied professionnel ) , Vincent Macaigne ( une créature burlesque et pathétique jusqu'à la détresse ) et Catherine Mouchet ( Thérèse de Alain Cavalier,mystique terrienne) ;devient d' un personnage à priori revêche , une proviseure à l'écoute , guide mystérieux , empathique) forment les maillons indispensables de la chaîne qui élèvera Marvin vers son destin .
Quant à Gregory Gadebois , juste génial dans une incarnation à la Michel Simon et Catherine Salée , figure d'une actrice éminemment populaire, dans le rôle de la mère :triviale ,victime (et victimaire) protectrice et courageuse , mais tous deux sont un peu chargés ( mais il s'agit du regard de Marvin ) . Enfin , je parlerai pour Marvin ou l'éducation ;de destin empli d'énergie du désespoir comme moteur , d'images d'une grande limpidité , avec deux mondes qui s'opposent , des plans de solitude et d'apaisement des Vosges . Mais , ce qui a surgi est Georges Bernanos , un sentiment du religieux qui a visité Anne Fontaine depuis Les innocentes , confirmé avec malice et candeur quand le jeune frère de Marvin se réfugie dans l'église pour savourer des friandises , des arias qu'écoutent en boucle Berling et l'esprit de la quête qui anime et innerve la dramaturgie jusqu'au filmage dépouillé0. Donc , un film romanesque , hymne à la tolérance , un parcours de victoire sur soi , une métaphore sur la sublimation par l'Art avec une rencontre de tous les comédiens avec des personnages qu'ils incarnent et subliment .
Une réussite majeure qui n'oublie pas de raconter une histoire forte avec des ellipses , du mystère et beaucoup d'empathie pour les êtres ce qui permet au spectateur d'être très ému..
Film déjà marqueur de modernité , d'ouverture et d'espoir avec comme étendard le regard incandescent de puissance , de retenue et de pudeur de Finnegan Oldfield porté vers l'Horizon et bien au- delà
Film vu le 1 er septembre à Strasbourg en présence d'Anne Fontaine , de Jules Poirier , de Grégory Fadebois et Finnegan Oldfield qui ont été ovationnés.