Il y a des gens qui sont devenu des rebelles anticapitalistes à cause de Marx, ou de Proudhon. Pour ma part, tout est de la faute de Mary Poppins! En effet, vous apprendrez dans ce film que: il vaut mieux faire ce qu'on aime, quitte à être ramoneur, que de travailler dans une banque; qu'il vaut mieux donner son argent pour nourrir des pigeons que de l'investir dans une banque(si vous pensiez le contraire, les récents évènements ont prouvés que c'était plutôt vous le pigeon); qu'il vaut mieux laisser s'envoler les cerfs volants que de travailler tout court et encore moins pour une banque; que les banquier ont tellement peu d'humour qu'ils risquent de mourir de rire à la première blague vaseuse qu'on leur fait; enfin que l'imagination, le rire et le rêve vous emmèneront toujours plus loin qu'un"bon job".
Bref, Mary Poppins est un film qui, mine de rien, distille des valeurs très loin de faire l'apanage du monétarisme, de la sécurité de l'emploi et du statu quo.
Et on s'étonne qu'après avoir regardé en boucle ce film quand j'étais gosse, j'ai éprouvé les pires difficultés à m'insérer sur le marché du travail ! Walt Disney a tué dans l'oeuf une éventuelle brillante carrière de bandit de grand chemin ayant officiellement le droit d'arnaquer le monde entier qui aurait pu s'ouvrir à moi sans les mises en gardes répétées de Bert et de Mary. Je ne le remercierai jamais assez pour ça!
Après cette introduction un peu provocatrice (même si je n'en pense pas moins), il faut parler du film. Mary Poppins est une comédie musicale mélangeant animation et prise de vue réelle. C'est sans doute le meilleur film du genre avec Roger Rabbit et une des meilleurs comédies musicales jamais tournée ( à titre personnel, je ne lui préfère que Chantons sous la pluie), remplie de chansons qui sont devenues des classiques absolus, tel que chem cheminey, suparcalifragilisticexpialidotious, i like to laugh, a spoon full of sugar,... . Les acteurs y sont tous formidables. Julie Andrews incarne une Mary Poppins tenant de la nounou anglaise toujours sérieuse, mais se situant en permanence au bord de la folie douce la plus déroutante. Elle arrive à incarner son personnage comme étant à la fois inhumaine et pleine d'humanité. En plus, elle chante bien, et qu'est ce qu'elle est belle avec ses joues rose! David Tomlison est comme à son habitude parfait dans le rôle du père de famille Banks: froid, sec, grincheux et un peu dépassé par les événements. Tout le reste du Casting est à l'avenant, mais je tiens surtout à mettre l'emphase sur la prestation de Dick Van Dycke (saviez-vous que Dick n'avais jamais pris le moindre cours de danse avant de faire ce film?) dans le double rôle de Bert et de Mr Dawes senior (sous son maquillage il est méconnaissable à tel point que sur le tournage, les enfants n'avaient pas reconnu Dick, et croyaient avoir affaire à un véritable vieillard). De tous les personnages gravitant autour de Mary Poppins, Bert est de loin celui qui m'est le plus sympathique. Bert, c'est le dilettante un peu artiste, un peu poète et dont le travail au sein de la société ne rend pas grâce à sa valeur en tant que personne, mais qui continue à faire ce qui lui plait ou éventuellement a faire un travail qu'il juge utile sans tenir compte d'un statut social quelconque qui lui serait associé. Bert est un gentil anar quoi.
Bon, je vais arrêter de vous saouler avec mes interprétations de gauchiste, et je conclurai en vous disant que ce film est simplement enchanteur et qu'après l'avoir vu, peut-être que, la prochaine fois que le vent tournera à l'est, vous aussi jetterez un petit coup d’œil en l'air en espérant que Mary Poppins, Bert et toute la bande viendront vous rendre une petite visite. Si ça n'est pas le cas, ne soyez pas trop triste, car il vous suffit de mettre le DVD pour sauter à pied joint dans ce monde enchanteur plein de couleurs et de musique.