La bombe humaine
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« Maryland » c’est du bon ciné d’action, que l’on prend brut de décoffrage sans trop se poser de question (il y a quelques invraisemblances tout de même) et vous triture l’estomac pendant 1h38 autant qu’il vous pèse sur la cage thoracique. Alice Winocour assure d’une belle maîtrise sa mise en scène, nerveuse, punchy très millimétrée dans le timing. Elle s’attache au personnage de Vincent, militaire un peu broyé par les conflits qui va assurer une protection rapprochée auprès de la femme et du fils d’un riche libanais véreux.
La paranoïa pandémique de Vincent (sur les autres personnages et surtout sur le spectateur) s’exprime dès les premières minutes lors d’une mémorable party, où tel un chien de garde à l’affût, il va évoluer, soupçonnant tout et chacun du pire. Le ton est donné, fidèle jusqu’à la fin, le film est anxiogène.
La caméra se plaçant au niveau de Vincent, on ne sait jamais si le danger est réel, ou simple fruit de son imagination embrouillée. La bande son fait d’ailleurs écho à cette interrogation en venant ponctuer de quelques stridences ou pulsations ses faits et gestes. Dans ce sens l’accompagnement musical de Gesaffelstein est formidable. Cette équivoque est permanente, renforcée d’ailleurs sur le dernier plan.
Vincent, est interprété par Matthias Schoenaerts. Tout le film repose sur ses larges épaules, solides et puissantes comme son jeu. Il est ce que l’on appelait naguère au cinéma « une gueule », une vraie personnalité qui semble pouvoir tout jouer. En 2015, on l’a vu malmené par l’idiotie du scénario dans « Les jardins du roi », pas vraiment exploité à sa juste mesure dans « Loin de la foule déchainée », qu’importe son aura et son jeu intrinsèque font que l’on ne voit que lui. Il trouve ici un rôle digne de son talent. Lino Ventura, une autre « gueule » du cinéma disait « Ce qui m’intéresse, c’est d’avoir l’air monolithique et de na pas l’être, qu’il y ait des failles dans le bloc », cela semble pareil pour Schoenaerts. Il est un grand acteur !
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Créée
le 13 oct. 2015
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