Surcote d'Azur
Mascarade part très mal avec des témoignages lors d'un procès, qui vont revenir à intervalles réguliers, et des flashbacks qui vont nous guider (lourdement) pour comprendre le pourquoi du comment...
le 29 mai 2022
43 j'aime
3
Que nous aimions ou pas les films de Nicolas Bedos, il est impossible de ne pas souligner tout-de-même l'indéniable cœur avec lequel ce dernier réalise ses films. Les histoires sont riches de bonnes propositions, l'utilisation d'un style formel nostalgique et coloré a un charme certain et la volonté de mettre en valeur chaque séquence à l'image est indéniablement ressentie. Certains diront qu'il ne s'agit bien souvent que d'une surcharge et pourtant une forme de sincérité touchante se dégage toujours de sa mise en scène. Mais après un OSS 117 cherchant désespérément à courir après le sel comique et le mojo du Hubert Bonisseur de La Bath des films de Hazanavicius et maintenant Mascarade, sa générosité semble surtout avoir atteint une limite, d'autant plus flagrante face à une histoire voulant beaucoup trop en faire par rapport à ce qu'elle a à dire.
Pour autant, ce n'est pas sans plaisir que le spectateur suivra cette invraisemblable histoire. Bedos reprend les qualités de metteur en scène qui lui sont propres afin d'exposer dans une construction en flash-back la mise en place du plan machiavélique des personnages de Pierre Niney et Marine Vacth afin de s'offrir la vie dont ils rêvent et les dégâts que cela va engendrer. Mascarade parvient donc à tenir son propos de manière fluide et dynamique pendant 2h15 et la fragmentation des temporalités offre des séquences bien construites et la promesse constante d'un retournement de situation. Prenant cette fois-ci la direction du paysage estival de la Côte d'Azur, c'est dans ce panorama des plages, des villas et des villes basses que son casting de luxe s'accorde parfaitement avec l'étincelance cynique du lieu : la convoitise et le sexe sont explicitement exposés et constituent la délicieuse force manipulatrice face aux riches pigeons.
Mais si par sa structure la narration parvient à sortir du lot, le véritable problème réside dans le cœur même du film. Dans sa lourdeur très prononcée, Mascarade se saborde sans cesse par le fait de surenchérir inutilement et de ne pas savoir comment diriger correctement ses intentions ; le cynisme laisse place au malaise et le politiquement incorrect forcé laisse place à une vulgarité parfaitement dispensable plutôt que de laisser parler la véritable insolence jubilatoire.
Par ailleurs, la superbe sincérité trouvée dans la douleur et l'ennui existentiel des personnages de La Belle Époque semble vouloir être retranscrite dans Mascarade. Seulement, à l'instar du reste, tout semble faussé aussi bien dans l'harmonie et la tension amoureuse que dans les conflits relationnels que dans les motivations à faire le mal. L'adresse d'un message tire-larmes sur la méchanceté des hommes n'y est pas pour rien dans cet échec car ce dernier est aussi anecdotique qu'inintéressant au vu des portraits de personnages quasi-caricaturaux que le film dresse.
N'y avait-il vraiment pas mieux à faire ?
N'est-il pas tant pour Bedos de se renouveler ?
Rendez-vous à son prochain film.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Pour le meilleur comme pour le pire en 2022 et Cannes 2022
Créée
le 12 avr. 2023
Critique lue 16 fois
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