Le cinéma de Jean-Luc Godard porte la subtilité de son auteur. Difficile pour moi de ne pas entrevoir les images de son allocution à Cannes 1968 quand je m’ennuie devant l’un de ses films.
Car, tout Godard m’apparaît dans cette séquence : la délicieuse oxymore du socialisme bourgeois. La petite révolution des mœurs, l’évolution lente et lasse du poids de sa bonne volonté, la simple lucarne de son époque. Masculin Féminin coche toutes les cases du pavé dans la marre, Jean-Luc Godard en général il me semble.
Si son appropriation du médium cinématographique a donné lieu a une nouvelle considération de celui-ci, il n’empêche que les films de Jean-Luc Godard post 1965 sont plus des essais que des œuvres cinématographiques. Alors, pourquoi ne pas proposer une vision alternative à une forme d’art développée depuis 60 ans quand il prend la caméra ? Pour deux raisons selon moi : le travestissement de la nature cinématographique et la vanité du propos développé.
Cela semble assez présomptueux de critiquer l’œuvre du cinéaste en termes aussi forts, pour autant, il m’apparaît nécessaire de creuser un fossé entre la noblesse du cinéma et le cinéma du noble.
Masculin Féminin n’a pour propos que l’esprit de son auteur. S’en délivre une suite d’élucubrations sur les filles, les garçons, la société et la politique. C’est dans un cynisme profond que l’on suit les protagonistes. Cynisme puisque l’action ne prend pas de sens, un meurtre, un suicide, un amour, tout apparait apathique, froid. Pourtant je ne suis pas sûr que ce soit l’effet escompté. Masculin Féminin porte à l’écran des personnages en pleine émulation de leur indépendance, de la vie de jeune adulte et de ce qu’elle leur offre. Le cynisme ne m’apparaît pas être la meilleure arme pour parler de cet âge si particulier. Encore, cela pourrait donner un véritable poids politique au film, il n’en est rien étant donné de l’invraisemblance des actions et des réactions. Peut être était-ce une autre époque…
Les personnages deviennent vite antipathique, caricaturaux parfois et au bout de 30 minutes de film nous voilà piégé, une fois de plus, dans l’esprit étriqué de Jean-Luc Godard. Étriqué pour son apathie, son cynisme insupportable, son intellectualisme sans fondement véritable. On voit, on écoute et c’est tout. Il n’y a aucune leçon et rien à en tirer.
Le cinéma c’est l’art populaire par excellence et le public doit recevoir, il doit suivre, se néantiser. Non seulement Godard travestit l’essence populaire du cinéma pour une verve barbante et des leçons sans morales. Mais en plus il n’a aucun véritable propos. Le socialisme y est dépeint selon son image d’Épinal dessinée par les libéraux : un truc de jeune, sans nécessité, sans avenir. Tout se rapporte à la première personne, c’est « qu’est ce je pense » chacun son tour et cela aurait pu avoir un intérêt sociologique si le réalisateur ne s’était pas contenté de se réserver la question pour lui même.
Ce que je retiens de Masculin Féminin c’est qu’en 1966, alors âgé de 36 ans, Jean-Luc Godard était déjà un vieux con.