Yves Lavandier m’a appris que le conflit est la chose la plus importante en dramaturgie.

Toute notre attention est captée par le conflit que vivent les personnages qui nous sont montrés.
C’est une critique à chaud, mais quelle belle démonstration de ce principe.

Le film suit un crescendo assez classique ; plus l’histoire avance plus le conflit est intense, ce qui est toujours « agréable » à suivre. L’exposition des personnages est d’une perfection rare au cinéma et c’est sans doute tributaire de l’origine théâtrale de l’histoire. L’exposition est parfaite, donc, puisque nous sont montrés des personnages haut en couleur dès leur première apparition et, assez vite, nous est expliqué l’origine de ces couleur. C’est tout un enchevêtrement qui se déroule sous nos yeux. L’intensité tient du fait que le film s’apparente à une bobine de fil emmêlé que l’on déroule. Au fur et à mesures que les répliques s’enchaînent c’est les personnages eux mêmes qui se démêlent ; à deux niveaux : leurs caractères et leurs relations avec les autres. Il y a sans cesse quelque chose à cerner dans le film, les répliques fusent et nous en apprenons toujours sur pourquoi un personnage agit ainsi mais aussi pourquoi il réagit ainsi. C’est très gratifiant, nous avons l’impression d’être sans cesse conviés à psychanalyser l’action en direct. Tout à un sens, il s’agit de le cerner.

Je ne vais pas étaler l’intérêt de ce film, la réalisation est assez simple (à mes yeux). C’est beau sans être transcendant, mais cela permet d’autant plus de se focaliser sur les personnages qui sont toujours au centre du film. Ce qui fait la force de la chatte sur le toit brûlant, c’est cette capacité à rester sur les personnages, l’intensité et le dosage entre ombre et lumière (au sens de ce que l’on sait en tant que spectateur, et ce que l’on ne sait pas) est toujours très soutenue. C’est admirable, le film tient en haleine son spectateur car, en définitive, aucun personnage n’a d’objectif fort, ils veulent tous y échapper à vrai dire pour rester dans la « mandacity » qui leur est si détestable et, pourtant, si chère.

Non, la vraie force du film est l’offrande du seul véritable objectif au spectateur : capter les noeuds qui permettent de comprendre et l’action et les personnages. Des films aussi généreux sont rares, alors, je vous déconseille de vous en priver.

e2dy_
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le 15 mai 2023

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