https://www.youtube.com/watch?v=RdfFbCsM-4M
Je suis viscéralement hétéro mais j'assume par cet aparté avoir été subjugué par la beauté magnétique de Paul Newman ! Jamais auparavant un homme n'avait réussi à me séduire (platoniquement s'entend) !
Malgré son statut de rookie hollywoodien, à 33 ans, il incarne Brick, un quaterback raté devenu poivrot mondain doté d'un foie en éponge qui engloutit du whisky comme de la salive. Malgré les centaines de rasades qu'il descend quotidiennement, jamais il ne titube. Certes, il claudique mais en raison d'une patte cassée et pas des effets du malt.
Newman interprète avec une puissance et une rage contenue un nihiliste prétendument impuissant, brisé par le suicide de Skippy, son ami le plus cher. Dans une approche audacieusement sous-jacente (afin de contourner le "Code Hays"), il s'avère que Brick et Skippy entretenaient une relation bien plus charnelle que fraternelle.
Liz Taylor, 26 ans et veuve durant le tournage, fait déjà partie du gotha des stars hollywoodiennes. Elle épouse le rôle de Maggie "la chatte" qui fait le tampon au sein de sa belle-famille qui se hait sournoisement. Malgré les feulements de Brick, elle reste une chatte incandescente, ronronnante, délicate et gracieuse envers son mâle. Maggie peut aussi se muer en un redoutable félin envers la meute, une cousine de Wolverine capable d'exhiber des griffes acérées.
Brick et Maggie, Gooper son frère ainé, son épouse et leur ribambelle d'enfants sont réunis dans la propriété familiale du Tennessee à l'occasion des derniers jours du richissime patriarche Big Daddy (Burl Ives). Brick est le fils à papa bien qu'il soit pochtron, sans situation et qu'il n'ait pas encore assuré sa descendance. Gooper, l'ainé, est un brillant avocat d'affaire comme le souhaitait Big Daddy et un père de famille très fécond dont ses enfants insupportent leur ours de grand-père. Pour ne rien arranger, Gooper est encombré d'une épouse acariâtre et comme lui trop lèche-cul et cupide.
La mise en scène justement académique de Richard Brooks permet aux acteurs d'entretenir une continuelle tension dramatique et électrique rendant grâce à l'oeuvre de Tennessee Williams. Ses personnages, en apparence lisses et recommandables, forment en fait un vivier de vipères où les échanges verbaux sont toujours agressifs les uns envers les autres sans être excessivement théâtraux.
Les fascinantes scènes opposant Newman à Taylor suintent de tristesse, de désir, de frustration et d'amour. L'acte "amour-haine" entre Brick et Big Daddy est un délice de dramaturgie qui fout le frisson et pique les yeux.
Le génie de Tennessee Williams procure une délicieuse sensation sadique à admirer des personnages qu'il torture psychologiquement. "Cat On A Hot Tin Roof" est éprouvant mais passionnant ! Surtout passionnant !