Le point de départ est simple : Dans une ville de la Ruhr (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), Dimitri (Dima), lycéen juif de 18 ans, a frappé son condisciple Tobi (dont la famille affiche une tolérance de bon aloi façon bouddhisme et Flower Power) qui se moquait de la circoncision et de la shoah ; exclu pendant 1 semaine, il doit lui présenter des excuses (alors que Tobi a été condamné à un travail d’intérêt général, le nettoyage de pavés). Au lieu de faire un nième film d’adolescents, pétri de bons sentiments et de bienveillance molle, les 2 réalisateurs réussissent à faire un portrait politiquement incorrect de l’Allemagne actuelle, mais reposant sur des sondages (beaucoup d’Allemands minimisent le rôle de leurs grands-parents dans la montée et le soutien du nazisme) et des faits historiques, tout en y introduisant beaucoup d’humour et d’autodérision. Dimitri ne supporte plus qu’on lui parle d’Israël (où il n’a aucune attache) alors que sa famille a quitté la Russie après la chute du mur de Berlin (en 1991, l’Allemagne a accueilli 200 000 Juifs Russes), et la complaisance de certains Allemands qui, hostiles aux Palestiniens et aux Arabes, soutiennent Israël et les Juifs. Il revendique aussi que les meilleurs fallafels de sa ville ne sont pas israéliens mais libanais et souhaite qu’on lui parle, non pas de la Shoah (qui n’a pas concerné sa famille), mais de la recette de la carpe farcie ou gefilte fish, plat emblématique de la cuisine ashkénaze. Le ton décalé du film rappelle celui de « It must be heaven » (2019) d’Elia Suleiman où le réalisateur palestinien voulait faire des films dont le sujet n’était pas la Palestine. Le film a obtenu plusieurs récompenses : prix du jury du court métrage à Anchorage (2020), meilleur court métrage du film juif d’Atlanta (2021), de Boston (2020), de Moscou (2020) et de San-Francisco (2020), mention spéciale du jury à Clermont-Ferrand (2021) et meilleur film d’étudiant à Cleveland (2021).