Grâce aux sorties DVD, le giallo est un tout petit peu redevenu attractif pour le public et surtout pour les cinéphiles (dont moi).
Ma première expérience a été Suspiria il y a bientôt 2 ans par hasard (et pour Harper), et je ne m'en lasse toujours pas. Pas la peine de revenir là-dessus, c'est un chef d'oeuvre.
Mais bon Argento semble avoir déjà cassé son mythe avec La Terza Madre et un remake a été jusqu'à peu en préparation.
Alors il y a eu un "hommage" avec ce film, étonnamment fait en Allemagne, pays peu concerné par les gialli. On peut souligner que des allemands ont déjà revisité il y a 10 ans un film de Joe d'Amato : Anthropophagus 2000.
Bon sérieusement que vaut ce film ? (Suspense éventé par la note?)
Tout d'abord parlons du casting : ce sont des acteurs de seconde zone qui réussissent parfois à ne pas cabotiner (difficile pour des théâtreux) ou sous-jouer. Vu que certaines scènes devaient être durs, je reste indulgent. Mais surtout le directeur de casting a décidé de prendre des "tronches" d'acteurs plus renommés : l'héroïne est la version germanique de Jennifer Lawrence, et la prof de danse fait penser à Veronica Lazar (Mater Tenebrarum dans Inferno) mais surtout à Catherine Frot. Note : 1,5/4
Niveau musique : cela fait penser à du Trans Europa Express (un groupe dans la lignée de Goblin) en moins bon. Visiblement le compositeur s'est dit qu'utiliser des râles, soupirs, chuchotements et cris stridents serait un trop grand plagiat et on ne sent pas la présence d'une entité maléfique dans la bâtisse. Dommage, cette bo n'apporte pas grand chose! Note : 1/4
Niveau réalisation : la photographie ressemble à celle du Giallo d'Argento mais en plus agréable. Si l'univers proposé ne faisait pas "Suspiria du pauvre", cela aurait pu être pas mal. Sinon nous avons une caméra en DV, des meurtres torchés, des plans téléfilmesques, et ele film aurait gagné s'il voulait avoir un minimum de rythme à couper 10 minutes... 1/6
Sinon parlons du gore : pour faire un giallo, il ne suffit pas d'un coup chirurgicalement bien placé avec une épée d'escrime, d'un bruitage de guillotine et surtout d'un très très gros plan sur la blessure. On dirait que les meurtres n'intéressaient absolument pas le réalisateur, et qu'il les a rapidement torchés. 0,5/2
En fait seul le meurtre du journaliste fait techniquement illusion, et encore.
Enfin il y a le scénario : une vraie catastrophe industrielle! Grosso modo, le réalisateur a décidé de faire un remake de Suspiria de l'entrée de l'héroïne jusqu'à sa rencontre avec sa nouvelle copine, mais sans réussir à faire ne serait-ce qu'illusion. On est dans le remake fadasse. Ensuite il part dans son propre délire assez grotesque et souvent répétitif (en conservant quelques "hommages" à Suspiria et un peu à Inferno) et enfin on a droit à un final entre rebondissements ultra prévisibles et ultra grotesques. Le comique involontaire a définitivement gagné, grâce à un formidable concours :
Qui fera le plus preuve de crétinisme en se mettant le plus stupidement en danger?
- l'héroïne qui ne fait des recherches sur l'école de théâtre seulement au bout de 40 minutes de film, et qui va vite abandonner pour aller se jeter dans la gueule du loup?
- l'héroïne en acceptant de suivre un enseignement plus que douteux, acceptant même la drogue que sa méchante prof lui déconseillait?
- le petit ami de l'héroïne qui tente de l'en faire sortir seulement après qu'elle ait passé plusieurs nuits blanches?
SPOILERS
- toujours l'héroïne qui ne se doute pas que si sa nouvelle amie de classe disparaît chaque soir en laissant comme trace son collier, c'est qu'il y a un loup... ?
- toujours le petit ami, avec une autre pensionnaire, qui trouvent un message de l'héroïne en détresse et vont alors dans la bâtisse avant de se rendre compte qu'ils auraient eu mieux fait d'en parler à la police, et c'est là que... ?
- les méchants, sans doute la sous-estimant en raison de ses conneries passées, qui négligent de ligoter à nouveau l'héroïne et laissent une paire de ciseaux tranchants à proximité d'elle sans la surveiller ?