Après le désastreux film "La Maison de cire" de Jaume Collet-Serra, mon être tout entier était à la recherche d’un film de qualité et non plus d’un simple substitue de cire sans âme comme j’avais eu la malchance de voir. J’avais lu quelque part que ce film était un « remake » d’un film de 1953, "L'Homme au masque de cire", mettant en vedette Vincent Price. Ce que j’ignorais totalement, c’est que ce film était également un « remake » d’une version antérieure à ce que l’ont aurait pu imaginer. En 1933, Michael Curtiz réalisa "Masques de Cire", en couleur!!!!
1921, Angleterre. Ivan Igor est un talentueux sculpteurs de statue de cire qui ont une apparence très réaliste dont sa plus belle création est Marie-Antoinette. Ayant des problèmes d’argents et pour se sortir de ce fâcheux pétrin, le copropriétaire du musée décide de mettre le feu à la bâtisse pour toucher l’argent de l’assurance. Ivan Igor fait tout en son pouvoir afin de sauver ses oeuvres de cires, mais les flammes ravagent tout. Douze ans s’écoulent. Ivan Igor fait son grand retour aux États-Unis. Étant en fauteuil-roulant et ayant les mains affreusement brûlées, Igor fît appelle à plusieurs sculpteurs pour recréer toutes ses statues de cire d’antan. Grâce à eux, il est sur le point d’ouvrir un nouveau musée de cire. Entre-temps, la journaliste Florence Dempsey est sur le bord de perdre son emploi et seulement une bonne histoire pourra faire garder sa place. C’est alors que le corps d’une jeune femme disparait à la morgue. Dempsey fait immédiatement enquête sur cette étrange disparition. Il est d’autant plus étrange que la nouvelle statue du musée de cire ressemble comme deux gouttes d’eau à la défunte disparue. Florance Dempsey devra vite résoudre le mystère du musée de cire le plus rapidement possible, surtout que le propriétaire du musée commence à appeler la belle Charlotte (l’amie de la journaliste), sa Marie-Antoinette.
Si vous avez vu la version 2005, vous êtes mieux de ne pas vous baser sur celle-ci pour comparer le film. Ici, on nous propose une histoire cent fois plus intéressante qu’on nous avait été donné 72 ans plus tard. Le film se concentre davantage sur l’enquête que sur le côté horreur de la situation. Sans jamais tomber dans l’absurdité, l’histoire sait nous garder en haleine et nous amène à une fin des plus surprenante, à la condition que nous n’ayons vu aucun film de la saga de cire.
L’esthétique du film est la principale force du film. Curtiz emprunte au courant expressionniste. Cet ajout dans l’histoire est très subtile mais facilement visible tout au long du film pour ceux qui ont un oeil averti. Dans le dernier acte du film, le côté horreur se fait sentir. On remarque un montage plus rythmé. On retrouve le thème de la folie et de troubles mentaux (caractéristiques de l’expressionniste) chez certains personnages comme Ivan Igor et son assistant, le professeur Darcy. Ce dernier prend des airs du Docteur Caligari à cause du maquillage noir qu’on lui rajoute légèrement autour des yeux pour montrer la sale nuit qu’il a passé au poste de police. Il y a également un homme mystérieux et défiguré qu’on peut remarquer dans trois ou quatre scènes du film. Il est uniquement habillé de noir. Son visage et ses mains sont les uniques membres qui ressortent en le voyant. Son personnage est vraisemblablement inspiré de Cesare, le somnambule dans Le Cabinet du Docteur Caligari ou bien de Nosferatu dans le film du même nom. Certains décors sont également très expressionnistes. Les endroits les plus expressionnistes sont les sous-sols. Les meubles et escaliers sont déformés, on remarque plusieurs formes et lignes diagonales et on joue beaucoup avec les ombres et lumières. Sans être un défaut, l’ajout du technicolor vient un peu rendre le film artificiel, comme une des nombreuses statues de cire du musée. Je crois que "Masques de cire" aurait été mieux en noir et blanc.
Seulement six années se sont écoulées depuis la sortie du premier film parlant. Même si "Masques de cire" en est un, on ressent encore la marque des films muets dans sa production. Comme preuve, si on enlèverait tout le son du film, on serait quand même capable de suivre et de comprendre l’histoire. Le fait est que les acteurs principaux ont tous un jeu quelque peu exagéré. Par contre, cela n’enlève rien dans leurs remarquables prestations. Il y a deux acteurs qui se distinguent particulièrement dans le film. Le premier est Lionel Atwill qui joue le rôle d’Ivan Igor. Ce dernier est cloué sur un fauteuil-roulant durant tout le long du film et il sait quand même nous surprendre. Sa grande obsession envers ses statues de cire génère une certaine inquiétude chez le spectateur, d’autant plus qu’on s’identifie au personnage dès le début à cause de son malheureux accident. On a pas d’autre choix que de prendre pitié pour ce vieil homme. Glenda Farrell joue le rôle de la journaliste Florence Dempsey. C’est le personnage principal dont on s’identifie juste après l’accident d’Ivan Igor au début du film. La journaliste est un personnage haut en couleur et Farrell interprète celle-ci avec beaucoup de doigté. On suit le film à travers son enquête. Pour certaines personnes, ses mimiques peuvent faire sourire, mais pour d’autres, elles peuvent taper sur les nerfs. Elle est le parfait exemple de la femme qui s’élève au dessus des hommes. Elle est la représentation de la femme phallocentrique qui n’a pas besoin d’homme pour diriger sa vie. Elle joue un peu le rôle de femme fatale. On a également la grande surprise de voir Fay Wray dans le rôle de Charlotte, la Marie-Antoinette d’Ivan Igor. On a également eu la chance de voir cette actrice avoir le rôle principal dans King Kong, sortie la même année.
"Masques de cire" est comme une statue de cire présente dans le film. Il est d’une grande beauté, il traverse les âges sans vieillir et il sait garder toute notre attention quand on le regarde. C’est un film qui mérite notre admiration grâce à l’âme qu’il porte à l’intérieur de lui.