Non seulement ce "masques de cire" mérite en lui même plusieurs commentaires sur ses qualités propres, mais en plus m'a-t-il permis d'en apprendre un wagon sur l'arrivée progressive de la couleur au cinéma.
Vous connaissiez le technicolor bi-chromique, vous ? Oui ? OK, passez directement au paragraphe suivant. Les autres, suivez-moi.
En effet quelle ne fut ma surprise de lire dans le générique de début la mention 'filmed in technicolor". Je vérifie immédiatement sur la jaquette de mon DVD: 1933. Stupeur. Comme ça, je situais le début de la couleur avec, en gros, Blanche Neige, 1937, quoi.
Et bien, oui et non, et le site hollywood 33 explique cela bien mieux que je ne pourrais le faire:
"Quand on évoque le Technicolor bichrome, trois films de long métrage sont souvent cités, « The Toll of the Sea » qui inaugure le procédé en 1922, « Le pirate noir » avec Douglas Fairbanks, et ce « Masque de cire ». D'autres films utilisent ce type de pellicule (« Le fantôme de l'opéra » (1925), « Les anges de l'enfer » (1930)) mais c'est souvent dans de courtes séquences car cette technologie particulièrement onéreuse augmente rapidement les coûts de production. Sorti deux ans avant l'émergence du Technicolor trichrome - qui remporte un franc succès à l'inverse de son ancêtre -, « Masque de cire » est certainement le dernier et le plus abouti des films de long métrage ayant profité du Technicolor bichrome"
http://www.hollywood33.fr/Fiche.php?identifiant=3055
Et je confirme que l'ambiance qui se dégage de ce métrage est tout à fait singulière, et concourt à une atmosphère particulièrement réussie.
D'autant que l'aspect formel est souligné par un ton surprenant. Les années 30 au cinéma, on le sait, sont caractérisées par des thèmes ouverts et une certaine absence de morale jusqu'à ce que le code Hays ne vienne couvrir tout cela d'une épaisse chape de plomb.
(Il faut décidément que je découvre beaucoup de ces films ouvrant cette décennie iconoclaste)
Ici, la forme inattendue prend les traits du personnage principal, Florence Dempsey, jeune journaliste tête brûlée, incarnée par une Glenda Farrell pétillante et pétaradante, qui n'hésite pas, en entrant au commissariat, à apostropher l'officier de faction en lui demandant comment va sa vie sexuelle.
Ajoutons enfin que Michael Curtiz sera bien l'auteur du Casablanca que nous connaissons tous, et que le masque de cire sera l'objet d'un remake quasi copié-collé (mais avec le savoureux Vincent Price) qui sera lui aussi fer de lance de la technologie de pointe, puisqu'il sera présenté en 1953... en 3D.