Des algues vertes partout, envahissant l’espace à l'image de ces touristes trop pressés de visiter ce qu'il y reste encore vierge, retournant chaque pierre qui ne l'a pas encore été. Une végétation luxuriante et un environnement dangereux ?
Brillantes, les deux jeunes actrices nous emportent au fin fond de l'île grâce à leur jeu tantôt mutin tantôt insouciant. Fonctionnant en miroir l'une de l'autre, ces deux personnages sont les deux visages d'une bête bicéphale tirée de son sommeil enfantin. Période charnière de sa propre construction, l’adolescence est souvent dépeinte comme un grand chamboulement. Ici point d'artifices, la mise en scène est efficace et sait rester sobre. Le grand calme avant la tempête.
A l'image de ce silence qui s'imposa entre-elles, presque comme une évidence, lorsqu'elles prirent conscience de leur mission. Sûres et déterminées, c'est sans échanger un mot que la dernière séquence du film se dévoile.
La colère gronde intérieurement et finit par déborder comme des algues venant s'échouer sur ces plages. Il n'y a qu'à choisir les motifs : changement imposé, lutte des classes, écocide, sentiment d'injustice. Cela suffit en général pour traîner à vie le cadavre de ses espérances.
S'il y a quelque chose encore plus en vogue que de flirter avec le genre, c'est bien l'expression flirter avec le genre elle-même. Toutefois ici, Maïté Sonnet procède à la même modération que dans son écriture : il n'est pas question de céder aux sirènes les plus abjectes du genre. Quasiment sibylline, la conclusion sait emprunter ce qu'il y a de meilleur au fantastique : l’imaginaire et l'effroi.
Jouant avec les tons, les espaces visuels, les couleurs et surtout nos craintes en tant qu'individu Massacre se rapproche beaucoup du déjà très bon L'heure de la sortie de Sébastien Marnier. A ne pas mettre entre toutes les mains.