Terry Gilliam aurait vraiment du s'inspirer de ce film avant de pondre son "Tideland", trash et malsain à souhait, mais vain dans son propos et dans ses tentatives de mêler son atmosphère factice à une réelle implication du spectateur.
"Massacre à la tronçonneuse" est l'exemple même du film d'horreur qui, au delà de son postulat basique (des jeunes qui se font massacrer par un tueur masqué), s'attache à créer une véritable ambiance forte qui tient le spectateur en haleine de la première seconde du film à sa dernière. Et cette ambiance est basée en grande partie sur une science du glauque qui transcende véritablement l'action.
Pas de jumpscares putassiers ici, juste de la pure tension basée sur une étrangeté aussi fun que dérangeante.
Car ce qui fait la force du film, c'est justement cette atmosphère d'incertitude, de bizarrerie, qui semble vouloir nous faire comprendre que "tout est possible".
Faut dire, quand le film s'ouvre sur une scène (très malaisante) avec un auto-stoppeur qui taillade sa main et celles des autres passagers au couteau, le spectateur est prévenu: la menace peut venir de n'importe qui, de n'importe où, sans aucune raison particulière.
"Massacre à la tronçonneuse", c'est juste une bande de joyeux hippies innocents qui tombent au mauvais endroit, au mauvais moment. Il n'y a pas d'autres règles.
Exemple tout bête mais qui résume bien l'impossibilité de deviner à l'avance le déroulement de l'action: Trois personnages se font bêtement massacrer en pénétrant exactement dans la même pièce, filmée exactement de la même manière. Au delà du caractère dramatique, un réel comique de répétition se met en place.
Le spectateur s'en retrouve grisé, ne reconnaissant pas les codes "rationnels" du film d'horreur, les poncifs établis (qui impliqueraient, notamment, de diversifier les meurtres, de mettre en scène des courses poursuites effrénées...).
La scène de captivité est un sommet de grand-guignol glaçant (au passage, l'actrice aurait vraiment du recevoir l'oscar du plus long et insupportable hurlement).
Rajoutez à tout cela une caméra ingénieuse, espiègle, et le manque évident de moyens, et vous obtenez une petite pépite, à la fois drôle et monstrueuse, surprenante et grisante.