Si au cours des années 70, le cinéma (avec le Nouvel Hollywood), la musique ont su montrer la face cachée du géant américain, on pense tout de suite aux mythes sur le Vietnam (Voyage au bout de l'enfer, Taxi Driver), sur les miséreux (Panique à Needle Park, Midnight Cowboy) ou toute sorte de crise sociale (All the presidents men), racisme (In the heat of night), aucuns n'a mis en lumière la folie, la population que l'on ne connaît pas, celle de l'Amérique profonde. Au milieu d'une campagne, sous un soleil de plomb, règne le mal. Pas question de racisme, de sadisme ou de simple meurtre, nous avons affaire ici à la folie pure et dure.
S'il est relié au Nouvel Hollywood par sa date de sortie, il n'est en rien en accord avec son temps, même si les slashers et autres films gores commençaient à apparaître. Texas Chainsaw Massacre est une véritable expérience. Ca ne fait pas peur, la sensation que l'on ressent en regardant cette chose est bien plus compliquée. Elle provient plus de la crainte, la gêne. On est effrayé que cela existe. Nous aimerions que tout cela ne soit que rêve ou illusions. Là est tout sa force, un film sans budget, des acteurs qui n'ont pas l'air d'en être. On se dit qu'on est bien en France, loin des grandes routes infinies dans les plaines, au milieu de centaines de kilomètres de rien.
On en oublierait presque que ce film a une très belle photographie, des couleurs travaillées, un grain de pellicule typique des années 70. Le vilain petit canard de l'empire américain est bien plus qu'un film d'horreur simple, c'est LE film qui n'a aucune équivalence. Le truc bizarre, un Saturne de Goya, sombre et terrifiant, une relique.
1h25 étouffantes. Dès lors que cet étrange auto stopper rentre dans le vanne de notre bande d'amis, les minutes passent 2 fois moins vite, puis lorsque le premier jeune se fait fracasser le crâne par un grand type masqué, là on est sur une longueur de péplum. Suffocant, interminable. Mais c'est passionnant, horriblement passionnant. Le tout premier plan (cimetière) est fabuleux, un des plus marquants certainement que ce bon vieux cinéma peut nous offrir, tout comme le dernier, où notre cher ami bucheron valse au soleil levant avec sa tendre machine. Puis stop, le silence après les sons aiguës et mécaniques, le calme après le maelström, la fin parfaite, aussi brutale que les longues minutes qu'elle vient interrompre.
Bref, c'est bien mieux ou bien pire, que ce que vous pouvez imaginer.
This is not an Halloween movie.