Arrêtez le Massacre !!

Bon je l'avoue d'emblée je vais un peu me mettre en mode vieux con grincheux pour la rédaction de cette critique du nouveau Massacre à la Tronçonneuse version 2022. C'est comme ça il y-a des films pour lesquels j'ai du mal à apprécier les grand écarts thématiques et artistiques quand bien même ils accouchent de films plutôt regardables. Car oui tout n'est pas à jeter dans cette version de David Blue Garcia qui est même finalement un chouette film d'horreur brutal et méchamment gore, sauf que putain de merde c'est pas ça Massacre à la Tronçonneuse.

La tendance est donc à la mode Halloween avec suite direct en forme de reboot qui font table rase de tout pour reprendre là ou se terminait l'œuvre originel mais cinquante ans plus tard. Massacre à la Tronçonneuse raconte donc l'histoire d'une bande de jeunes influenceurs qui viennent s'approprier une ville fantôme du Texas afin d'en faire un nouvel eldorado de la pensée positive. Manque de bol, ils vont du coup réveiller ce brave Jedidiah qui semblait pourtant passer une paisible retraite dans l'orphelinat de la ville parce que mine de rien le pépère doit bien avoir 80 balais. Histoire de se la jouer continuité et pont référentiel le film nous convoque aussi Sally Hardesty , interprétée jadis par la regrettée Marilyn Burns, en mode walkyrie vénère à la longue tignasse blanche façon Laurie Strode en quête de vengeance.

Assez paradoxalement le film de David Blue Garcia produit par Fede Alvarez n'est même pas mauvais , il est plutôt joliment photographié, il possède un léger fond thématique à son histoire avec cette opposition entre vieilles traditions et nouvelles idéologies et surtout il envoie vraiment du bois niveau violence brutale et séquences ultra gorissime. Alors oui je l'avoue le film est même très réjouissant dans sa représentation décomplexée et jouissive d'une violence qui éclabousse l'écran de grandes gerbes de sang bien rouge, sauf que tout ça est tout de même complétement à côté de la plaque vis à vis du film de Tobe Hooper. Alors bien sûr on va me dire qu'il faut oublier l'insurmontable film d'origine et que cette version s'inscrit plus dans l'air du temps; sauf que ce n'est pas à moi de faire preuve d'amnésie pour apprécier le film mais au film lui même de m'apporter suffisamment pour me transporter à la fois ailleurs et dans l'univers dans lequel il est censé se fondre. Ou alors tu t'invente carrément un nouveau boogeyman tout aussi brutal et tu trouves un autre titre à ton film et là tout le monde est content et je te colle même 07/10 dans la foulée. A partir du moment ou tu t'inscrit dans la prétention de servir une suite direct au film de 1974 tu te dois à minima de respecter la continuité d'un univers mis en place par le film auquel tu empreinte de manière bien opportuniste le titre.

Les filtres colorés bleus, oranges, verts flashy ce n'est pas ce que j'ai envie de voir dans un Massacre à la Tronçonneuse, j'ai envie d'une photographie écrasé de lumière, d'une ambiance suffocante de chaleur et de poussière, j'ai envie que ça me colle à la peau, de me sentir poisseux, sale et malade. Je n'ai pas plus envie de voir Leatherface qui sort la tête d'un champ de tournesol comme pour faire coucou, qui bondit pour des jumps scare à la con ou qui se transforme en increvable tueur à la Jason; non désolé encore une fois mais je veux retrouver cette masse brutal et sèche, cette être marginal et perdu, ce mélange d'innocence et de brutalité et ce sentiment de folie permanente. Désolé encore et toujours mais je n'ai pas besoin de voir Leatherface tronçonner des corps en long en large et en travers, de le voir mettre sa lame de tronçonneuse dans un entre jambe pour figurer une imagerie phallique, de tout ce grand guignol qui aussi jouissif soit il est totalement hors sujet car cinq minutes prises au hasard du film de 1974 me feront toujours bien plus flipper que tous les hectolitres de sang versés pour ce film . Désolé toujours mais les hurlement de Marilyn Burns dans le rôle de Sally me hantent toujours alors que cette fois ci les cris de l'actrice Olwen Fouéré face à son bourreau m'ont fait simplement pouffer de rire. Pardon mais lorsque Leatherface traque une victime en tronçonnant un plancher pour finir par couper un tuyau d'évacuation qui lui verse de la merde sur la tête j'y vois toute la puérile provocation trash d'un film qui visiblement n'a pas compris grand chose à l'original.

Pourtant tout n'est pas non plus à jeter dans le film de David Blue Garcia et loin de moi cette idée de dire que si c'est un bien mauvais Massacre à la Tronçonneuse c'est aussi un bien mauvais film tout court. Tout d'abord le film comporte quelques jolis scènes comme lorsque Leatherface recouvre d'une mèche de cheveux l'œil humide d'une de ses victimes et surtout de nombreuses scènes marquantes comme le massacre dans le bus ou la brutalité d'une mise à mort à coups de marteau. Le final pour le coup presque copié/collé du film d'origine offre enfin un petit frisson de nostalgie mais dans l'ensemble le compte n-y est absolument pas.

D'un monument de terreur viscérale et au bout de neuf suites, remakes, prequel, reboot on arrive donc à un spectacle inoffensif de grand guignol qui même si il ne verse pas dans l'humour n'a jamais l'intention d'être autre chose que confortable pour ses spectateurs. Triste ...