Je suis un film réalisé avec un budget dérisoire, qui a connut 8 ans d'interdiction en France et 25 ans pour le Royaume-Unis, avant de finalement sortir en salle accompagné de la classification X, se posant comme fer de lance des slashers movies, avec à l'affiche un meurtrier psychopathe légendaire s'inspirant d'un des plus abominable tueur en série qu'est connu l'Amérique, le bien nommé Ed Gein alias le Boucher de Plainfield. Je suis un film qui porte parfaitement bien son nom. Je suis Massacre à la tronçonneuse, ou The Texas Chainsaw Massacre.


Réputé ultra gore dans l'imaginaire collectif, ce n'est pourtant pas avec des litres d'hémoglobines que Tobe Hooper compte en faire baver le spectateur. Point de scènes vomitives sur des démembrements en pagaille comme on pourrait facilement le croire au vu des interdictions multiples et du titre de l’œuvre. Non, ici, Hooper mise tout sur l'ambiance et arrive, en maitre, à instaurer une incommodité exemplaire face à l'environnement malsain que représente cette famille de boucher et ce pays crevant sous une chaleur morbide. Dès le départ, Hooper, en bon samaritain, nous avertit avec un texte défilant du contenu dépravé qui nous fera face dans quelques minutes, de quoi appréhender d'avantage la maison des horreurs qui va suivre. Puis, c'est le début de la débauche. Gros plans furtifs sur des cadavres en décompositions, avec ce flash régulier de l'appareil prenant en photo les corps exposés. Le spectacle macabre d'un enfer qui ne fait que commencer pour nos futurs protagonistes. Mais, ce qu'il faut retenir sur cette scène d'exposition, et pour tout le film d'ailleurs, c'est le travail monumental sur l'ambiance sonore. Sons stridents, larcens, vrombissements lointains. Toute une panoplie d'expérimentations sonores qui permettra tout au long du film d'étendre l'inconfort et la terreur émanant déjà des expériences que vont vivre nos cinq malheureux amis dans des scènes toujours plus marquantes que les autres. Que dire sur la première apparition marquante de Leatherface à l'écran. Brutale, avec ce coup de marteau qui laissera la pauvre victime convulsée au sol comme un vulgaire goret, et terrifiante face à la grandeur de l'homme malade qui agit sans réfléchir sous le coup de la pulsion destructrice. Que dire aussi de la course poursuite ténébreuse et cauchemardesque dans les bois, avec le son insupportable de la tronçonneuse en marche prête à rentrer dans le lard, qui remplace aisément toute Bande Originale destinée à faire pâlir le spectateur, et de la belle Marilyn Burns, sonnerie d'alarme sur patte, fuyant tant bien que mal son funeste destin. Je ne parle pas non plus de la scène mythique du repas, avec la pauvre victime obligée de faire face à ces 4 psychopathes, les gros plans de l'objectif sur les yeux terrifiés par ce à quoi elle est en train d'assister, et ce moment extrêmement gênant du grand père en fin de vie qui essaye tant bien que mal d’abattre leur repas avec un marteau et un sceau. Tant de scènes d'une rare intensité, par cette mise en scène maladive et cette ambiance sonore oppressante, qui permet au film d'Hooper de s'assumer en œuvre ultra dérangeante, quand bien même rien de réellement choquant n'est montré à l'écran. Là est tout le génie. L'homme est ici replacé dans son ordre naturel, celui de la vie et de la mort. Hooper nous le rappelle sans cesse, en filmant le soleil à divers moments de la journée, puis la lune. L'homme redevient une proie, destiné à être servit sur une table aux plus dominants. L'homme est, au même titre que les porcs qu'on entend couiner tout du long, un animal. Mais Massacre à la Tronçonneuse, c'est aussi et avant tout un film de son temps. Les usines sont touchés en masse par le chômage, et cette famille, qui découpait des tranches de cochons à l'abattoir, trouve préférable désormais de découper ses contemporains. A chacun ses occupations pour pallier à l'ennui de l'absence de travail. Hooper voulait filmer le mal d'une époque.


Ce film transpire d'une ambiance unique et d'un stress palpable, malgré qu'il pourrait être risible pour un certains public d'aujourd'hui, tellement les personnages sont devenus clichés et qu'on peut s'attendre à d'avantage de scènes explicites au vu de tout ce qui a fait la renommé de Massacre. Il faut le replacé dans son époque mais, pourtant, il constitue encore aujourd'hui une expérience marquante pour beaucoup de personne.

Azertome
9
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le 3 août 2015

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