Le moins qu’on puisse dire, c’est que le changement est radical. D’un univers réaliste, on passe à quelque chose de complètement absurde, de kitch à souhait et de radicalement subversif. Toutefois, avant de nous attaquer au film, il faut préciser qu’il est indispensable de le voir en VO sous titrée, la VF étant complètement torchée à la va vite avec des dialogues qui manquent énormément de naturel. L’histoire de ce film, ce n’est plus la bande de jeune qui fait la mauvaise rencontre au mauvais endroit (le moment important peu, nous en convenons), c’est un peu plus complexe que cela. D’ailleurs, il semble que Rob Zombie se soit inspiré de cet univers (je pense surtout au personnage de Lefty, qui veut abattre sa vengeance sur la famille au nom du Tout Puissant) pour son pythique Devil’s rejects et les ambiances de sa Maison des 1000 morts. C’est donc la disk jockey d’une radio qui est témoin d’un meurtre perpétré par la famille pendant un appel téléphonique avec des auditeurs. Elle contactera l’enquêteur Lefty (Dennis Hopper en cow boy texan armé de tronçonneuses), qui se servira d’elle comme appât pour faire sortir la famille de son trou. La Famille a en effet déménagé au nord du Texas, et s’est installé dans un parc d’attraction en ruine retraçant les grandes batailles de l’Amérique. La guerre est particulièrement dénoncée dans ce film déjà par les lieux morbides rendus encore plus malsains par les installations de la famille. Elle est dénoncée dans les décors qui sont maintenant devenus de vrais charniers et par le personnage de Chop Top qui est revenu de la guerre du viet nam avec un crâne rafistolé d’une plaque de métal. Le film bénéficiant maintenant d’un budget confortable, Tobe Hooper s’est carrément lâché sur les décors. Il nous offre carrément des centaines de mètres de galeries décorées de guirelandes multicolores et de cadavres dans divers positions (en train de bronzer sur une chaise longue, à une table en jouant aux cartes, suspendu au plafond comme un oiseau…), donnant au malsain un côté absurde et burlesque qui fera toute la saveur du long métrage. Car indéniablement, malgré son malsain ici décuplé par l’usage d’effets spéciaux convaincants (Tom Savini prouve encore ses compétences), Massacre à la tronçonneuse 2 est une comédie. Il faut voir la scène où Leatherface assimile sa tronçonneuse à un symbole phallique et se masturbe devant l’héroïne avant de quitter la pièce aussi sec pour le comprendre. Le meurtre limite absurde des premiers adolescents est lui aussi porteur d’un second degré rassurant autant que malvenu, car dédramatisant l’éruption de violence qu’on attendait. Un dernier exemple : la scène limite romantique où Leatherface danse avec son héroïne parée du visage de son amoureux au milieu de dizaines de jambes découpées et suspendues, elle est d’une absurdité totale. On atteint un degré de folie tel qu’il n’y a plus que le rire capable de débloquer cette situation pleine d’éléments contradictoires, où les couleurs et la notion de massacre entrent vraiment trop en coalition. Un point culminant du film, c’est la nouvelle scène de banquet, qui supplante largement celle du premier selon mon avis. On ne joue plus le dépouillement, c’est au milieu d’une gigantesque salle, sur une table immense remplie de plats peu ragoutants ou de plateaux fabriqués avec des bouts de corps. La folie visuelle de la scène dépasse l’imaginable, et la nouvelle scène où on tente d’appliquer le régime du grand père est plus malsaine, plus drôle, plus dérangeante que dans le premier. Véritablement, la situation est telle que le rire se présentera forcément dans l’esprit du spectateur, tant les tentatives répétées du grand père semblent pathétiques. Enfin, le film culmine dans ce qu’on pourrait appeler un final de malade transcendant, où Leatherface se bat contre Lefty avec des tronçonneuses surdimensionnées, où les personnages font étalage de toute leur folie avec des traits d’humours à nouveau bien senti (les hémorroïdes du père sont définitivement éliminés), et un dénouement complètement inattendu, où Leatherface disparaît carrément de la scène (bien qu’étant déjà assez mal en point), et où la danse de la tronçonneuse a lieu avec la personne la moins attendue, ce qui fait instantanément travailler la tête pour trouver une explication, qu’on trouve dans les deux secondes qui suivent. Bref, Massacre à la tronçonneuse 2, c’est un film de fou, le 1 à la sauce kitsch et sans retenue, où Tobe expérimente et s’aventure sur de nouveaux terrains de l’horreur en ne freinant jamais sa générosité (les maquillages gores sont particulièrement convaincant, et les décors font rêver), ce qui en fait une surprise de taille et bel et bien le meilleur de la saga malgré ses défauts (une VF calamiteuse, des dialogues merdiques, et surement quelques scènes de remplissage).