Massacre à la tronçonneuse 2 ne ressemble pas à la suite d’un film culte ou marquant, car il donne dans le bis total puis la gaudriole désinhibée. Les spectateurs ignorent que Tobe Hooper fut assez frustré par la perception de Massacre, victime de son succès au point que son humour présumé fut totalement occulté par le choc occasionné. Avec cette suite réalisée douze ans plus tard (1986) et soutenue par un budget conséquent pour un film d’horreur à l’époque, il propose ce qu’aurait dû être le premier Massacre ; ce qu’il est dans l’esprit de beaucoup de gens, comme ceux qui ont nourrit son statut jusqu’à en faire un classique de l’horreur : un film d’exploitation taré et indescriptible.
Contrairement à l’original mais aussi à toutes les suites (il y en aura cinq autres), Leatherface et sa famille sont tout à fait intégrés dans le monde extérieur. Ils possèdent une entreprise de restauration et sont réputés pour produire le meilleur chili du Texas ! Comme cette donnée l’indique, Massacre 2 flirte avec la comédie grasse, mais il est bien trop sincère, déluré et sans distance pour en rester à la simple farce. C’est plutôt une expérience où le spectateur est vissé sur le siège d’un train-fantôme, assommé par une immense variété de ridicules. Le premier tiers du spectacle est assez laborieux quoique fonctionnel et rend dubitatif.
Il nous présente Dennis Hooper, vieux cow-boy obsédé par l’affaire du premier Massacre, qui s’est produite quinze ans plus tôt. Il s’installe dans une nouvelle zone du Texas car il suspecte un "accident" d’être l’oeuvre du tueur à la tronçonneuse. L’ambiance est alors loin de l’horreur littérale, plus proche d’une Créature du marais et d’un brouillon précoce de Twin Peaks. Puis ce classicisme cheap, comme l’enquête très bis, sont largués avec l’irruption d’une violence extrême. L’assaut sur la radio marque le tournant du film, où il devient un rêve absurde, avec pour décors un parc d’attraction, antre triviale et opulente des monstrueux Sawyer.
Toute l’heure qui suivra est un torrent d’excentricités d’une brutalité rare ; et ce terme est à comprendre au sens le plus large possible. MAT 2 ressemble à un Indiana Jones pervers. Le rapprochement déconcertant avec Spielberg avait donné Poltergeist, où la fibre de Hooper semblait absente ; dans ce film de Hooper, il y a beaucoup encore du style Spielberg, de son sens de l’aventure et du rythme, mais cette fois Hooper contrôle son film. Le résultat, c’est un divertissement dérapant complètement, tout en gardant une légèreté, voir un état d’esprit enfantin, y compris aux moments les plus malsains. Toutes les séquences ouvertement "sexuelles" sont sidérantes et l’attirance de Leatherface pour Vanita Stretch Brock (Caroline Williams) désarme.
Massacre à la tronçonneuse 2 est une déception si on y arrive en attendant de l’horreur au sens puriste, comme celle fournie somme toute par l’opus originale : de l’horreur percutante, directe, implacable. Ici, c’est le grand-guignol exulté, un carnaval surréaliste, un peu comme Hellraiser II (1988), sans en avoir la finesse ni l’ampleur. Mais dans ce cas, pourquoi cette longue introduction policière légèrement surréaliste et surtout totalement surfaite ? De même, dans la foulée du délire général, il y a énormément d’aspects regrettables : les gags vaseux du père des fous, la première séquence avec ces jeunes survoltés qui fait regretter n’importe quelle troupe de hippies standard.
La combinaison de premier degré et de grotesque ne fonctionne pas toujours : dans le cas de Dennis Hooper elle vire à la plantade caractérisée. Son rôle flirte bien vite avec la débilité et il devient le porte-étendard de la dimension gratuite et nanar du film. Mais alors pourquoi passer tant de temps auprès de lui, jusqu’à nous montrer le malaise avec son démon (la tronçonneuse), au travers notamment de scènes cathartiques consternantes (l’impro bûcheronne d’un grand non-sens technique) ; pour ensuite expédier le personnage en arrière-plan ? Car c’est en s’écartant de lui que MAT 2 s’épanouit entièrement, mais cela interroge encore sur la légitimité de la triste première demi-heure et d’un bon nombre d’avatars du film.
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