Petit Friday the 13th-like sans trop de prétentions, ‘’Sleepaway Camp’’ sort au beau milieu de la vague de Slasher qui se répand sur le début des années 1980. Toutefois, il a la particularité de mettre en scène des enfants âgés de 12 à 13 ans, qui passent l’été en colonie de vacance. Sauf que ça ne tourne pas tellement comme ça aurait dû, et des morts mystérieuses se multiplient. D’abord parmi le personnel, puis chez les enfants.


L’histoire suit Angela Baker, une jeune fille traumatisée dans sa petite enfance par la mort accidentelle de son père et de son frère, lors d’un tragique accident de ski nautique. Depuis, elle est mutique, ne s’exprimant qu’à de très rares occasions, et avec difficulté. Elle devient petit à petit la risée de son baraquement, au point d’être harcelée par une petite pétasse, qui a l’une des deux surveillantes du dortoir dans la poche.


‘’Sleepaway Camp’’ c’est un petit film d’horreur plutôt bien troussé, amusant à suivre et rempli de surprises. Au-delà du simple fait de chercher à découvrir qui se cache derrière les meurtres, bien souvent imaginatifs, le métrage se permet d’aborder des thématiques lourdes, des plus étonnantes dans une œuvre qui au premier abord ressemble à un Slasher à deux balles. Mais qui se révèle bien plus profond et perturbant.


Robert Hiltzik aborde ainsi frontalement la pédophilie, par le biais d’un cuistot dégueulasse, qui en plus de fantasmer sur des gamines de 12 ans, les invite parfois en arrière-cuisine pour tenter de se faire s****. (sucer). Un passage qui met dans une position inconfortable, car le film prend dès lors une tournure malsaine. Après avoir fait le tour des tares du monde adulte, et quelques meurtres spectaculaires, le récit se resserre sur les enfants.


L’une des thématiques principales soulevée par ‘’Sleepaway Camp’’ est le harcèlement, dont est victime Angela, de la part des filles de son dortoir, et des garçons du camp. Dès qu’ils sont en groupe, tous deviennent totalement neuneus. Même si Angela peut compter sur Ricky, un petit minet qu’elle ne laisse pas indifférent. Il parvient à se rapprocher d’elle et à nouer une relation. Alors que tout pourrait aller pour Angela, à mesure qu’elle s’intègre, elle est de plus en plus rejetée par le groupe de filles, dont la meneuse est en réalité juste jalouse.


Au milieu de ce qui pourrait ressembler à une petite comédie de mœurs adolescentes, Robert Hiltzik propose un spectacle gore, généreux, et très efficace. Ça saigne, ça tranche, ça crame, sans faire de détails. Œuvre plutôt bourrine, elle vient poser la question sur quel est le public cible. Le récit suit des ados pré=pubères en colonie de vacance. Pour un adulte c’est pas forcément fou. En même temps c’est particulièrement malsain et hardcore pour des ados.


Dans ses réflexions, le film ne s’adresse clairement pas à l’adulte, puisqu’elles portent sur ce que peut vivre un ado. Une histoire de transition, de l’innocence à l’âge adulte, de l’acceptation de soi, à celle d’un corps en évolution. Les divers éléments du récit amènent ainsi toutes ses thématiques vers un dénouement cauchemardesque concluant le film de la plus terrifiante des manières. (Vous n’oublierez jamais ce visage et ce cri… c’est garanti 100% perturbatoire).


Après mûres réflexions sur la question, une réponse sur qui peut bien être le public visé par cette œuvre à sa sortie, reste des plus floue. Si aujourd’hui elle se regarde comme un objet de la production de l’époque, respectueux des codifications, se permettant quelques originalités, tout en étant drôle, fun, et jusqu’au-boutiste dans l’expression de l’horreur, même 40 ans après la question du public cible reste en suspens.


C’est là d’ailleurs une question à laquelle ses multiples suites n’apporteront absolument aucun éclaircissement. Au contraire même puisqu’elles plongent encore plus loin dans le dérangeant, entre les personnages présentés à l’écran et les spectateur/rices présents dans la salle obscure. Mais c’est peut-être à ça que se destine tout simplement ces films, uniquement à déranger son audience. Sans autres prétentions.


Les ados étant mis face aux difficultés qu’ils traversent, et les adultes eux sont mis dans une position de voyeur. D’ailleurs, il est à noter que dans le film tous les personnages adultes sont bizarres, malhonnêtes et déviants. En tant que spectateur adulte, il est compliqué d’essayer de s’identifier à ces personnages ingrats. Mais essayer de s’identifier à des gamin/es de 13 ans c’est encore plus chelou, et malsain.


Donc, peut être que c’est exactement là que se trouve le parti prit de réaliser un Slasher avec des enfants : placer le spectateur adulte dans un inconfort des plus total. Pour le mettre bien mal à l’aise durant toute l’expérience proposée, jusqu’à ce plan final hallucinatoire, terrible et choquant, un fuel efficace pour les cauchemars.


Ainsi, ‘’Sleepaway Camp’’ constitue un objet bizarre, difficilement classable, et complexe à cerner. Sans trop savoir quoi en penser, et comment se positionner face à cette œuvre, il est toutefois certain que l’ultime séquence attaque sévèrement les rétines. Ainsi le pari de déstabiliser le public est amplement une réussite. Un tout petit film, certes, mais un grand moment d’horreur, assez peu égalé.


-Stork._

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le 26 févr. 2020

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