Sleepaway Camp II : Unhappy Campers (Michael A. Simpson, U.S.A, 1988)

Angela Baker is back, pour une toute nouvelle aventure au camp de vacance. Sur un postulat de départ complétement pété, ‘’Sleepaway Camp II : Unhappy Campers’’ tente de développer le personnage principal du premier film, pour en faire une icône jouant dans la cours des Michael Myers, Jason Voorhees ou Freddy Krueger. Angela Baker devient ainsi une sorte de croque mitaine que rien n’arrête. Rependant les morts sur son passage.
Le récit suit le quotidien d’un camp de vacance, avec des ados plus âgés que dans le précédent film, qui sont plus dans les 16/18 ans. Angela est surveillante d’un dortoir où des jeunes filles délurées remettent sans cesse en cause son autorité. Ce qui finit par la gonfler, et justifie qu’elle dégomme un/e à un/e tous les ados présents dans le camp. Même l’équipe encadrante.
Dans une cabane perdue au fond des bois, appartenant au camp du premier film, laissé à l’abandon, Angela conserve les corps de ses victimes, comme une collection de trophées. Une démarche censée montrer à l’audience à quel point le personnage est déviant. Reprenant les conventions inhérentes au Slasher, le film les détourne légèrement puisque le croque mitaine est le personnage principal. Les spectateur/rices sont ainsi placés aux premières loge de la folie d’Angela, qui trucide à tour de bras. Laissant peu de chance au casting de s’en tirer.
Un parti pris qui fait de ‘’Sleepaway Camp II’’ une œuvre plutôt fun et débridée, qui ne se prend jamais vraiment au sérieux. À commencer par l’interprète d’Angela, Pamela Springsteen (sœur de…) qui livre une prestation terrifiante. Gentille, serviable, toujours agréable, toujours souriante, toujours prête à rendre service, elle n’a qu’un petit pépin : elle ne supporte pas les déviances des jeunes, au point de punir leurs écarts par des morts, toujours placées sous le signe de l’originalité.
Le film se réinvente ainsi sans cesse dans sa traduction de la violence. Angela tue avec ce qui lui tombe sous la main, ce qui donne lieu à plus des séquences plutôt graphiques. À l’image de la cabane où elle conserve les corps putrescents de ses victimes, le métrage s’avère des plus glauque. Ce qui tranche avec le charmant et l’attitude espiègle d’Angela. Mais elle ne déconne pas avec le règlement, punissant le moindre écart dont elle est témoin.
‘’Sleepaway Camp II : Unhappy Camper’’ c’est au final une suite de bonne facture, plutôt marrante à suivre, il se place dans la logique d’exploitation du Slashers, au point même de rendre un hommage appuyé au genre : lors d’une séquence où les garçons veulent effrayer les filles, ils se déguisent en Jason et Freddy. Ce qui n’est bien sûr pas du goût d’Angela, qui les trucide, et se déguise en Leatherface avec le visage découpé d’une de ses victimes.
Le film tape donc dans la référence primaire, jusqu’à son affiche. Ce qui est en quelque sorte un aveux d’échec, puisqu’il peine à se démarquer de l’ombre des Slasher dans laquelle il évolue. Ce qui au final n’est plus qu’une série B d’exploitation lambda, comme en sortent des centaines durant cette période. Il ne parvient pas à retirer suffisamment sa carte du jeu, a-contrario de l’original qui frappait fort par ses petites différences. La seule particularité de cette suite étant qu’Angela Baker soit une femme. Et puis c’est tout.
À l’instar du premier volet, le métrage présente des questions d’ordre moral qui bousculent durant son visionnage. Dès la première scène, une jeune du camp montre ses boobs. Alors, le boobs dans le Slasher est presque aussi primordial que le croque mitaine. Cependant là les personnages à l’écran sont de jeunes adolescents. Même s’ils sont plus âgés que dans le premier, ce sont des mineurs. Et sexualiser ainsi le corps de jeunes filles, c’est malsain et mal aisant, surtout pour le spectateur adulte.
Même si ça ne fait que répondre aux conventions, il y a de meilleurs moyen de le montrer, sans tomber dans la gratuité. Pour exemple, dans ‘’A Nightmare on Elm Street’’ en 1984, la nudité n’exprime pas un désir primaire du charnelle, mais survient lors de séquence où un personnage est vulnérable et humilié. La nudité est crue, et ne remplit pas un quota de boobs à remplir.
‘’Sleepaway Camp II’’ ça n’arrête pas. Les jeunes sont libidineux, ils boivent, ils fument, ils sont cette Amérique où tout fout le camp. Heureusement Angela les remet dans le droit chemin, telle le bras vangeresque d’une société conservatrice ne comprenant plus une jeunesse en perdition, à la veille d’entrer dans la vie active.
Plus politique qu’il n’y paraît, ce second volet prend le contre-pied du premier ‘’Sleepaway Camp’’ dont le message était tout autre. Essayant maladroitement de prévenir du malsain présent dans un monde adulte déviant, opposé à l’innocence feinte du monde des enfants. Cela obligeait le spectateur/rice adulte à se mettre dans une position inconfortable.
Dans ce second volet, c’est juste une personne adulte qui déglingue des ados irrespectueux des dépositaires de l’autorité. Les même qui se branlent avec la tradition et les valeurs communes. Ce que finalement Angela ne cesse de défendre, et de le répéter. ‘’Sleepaway Camp II’’ forme ainsi une œuvre hybride, à la fois fun et décomplexée, et qui en même temps renferme un sous-texte nauséabond, illustration des dérives d’une société en quête du soi. Se raccrochant tant bien que mal à une vision biaisée d’une Amérique d’antan, où tout allait supposément bien mieux. Une chimère qui en 1988 semble sur le point de devenir réalité.
Angela Baker n’est pas un raté de l’American Way of Life, au contraire, elle en respect le mode de vie outrancier, au point d’en devenir un monstre pétri de valeurs, en opposition à une jeunesse délurée, qui fait n’importe quoi et s’adonne à des plaisirs interdits, comme le sexe, l’alcool et la drogue.
Un Slasher amusant dans la forme, mis avec un fond qui illustre parfaitement bien la radicalisation de la société américaine durant les années 1980. Même au cœur d’un divertissement de petite qualité, des messages un peu douteux apparaissent. Cependant cela n’empêche en rien de se délecter d’une bonne dizaine de meurtres, tous plus imaginatifs les uns que les autres. Finalement n’est-ce pas là, ce qui est à attendre d’un Slasher à deux balles ?


-Stork._

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le 26 févr. 2020

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