Qui n’a jamais rêver de passer la nuit dans un parc d’attractions pour s’immiscer au coeur des coulisses et voir ce qui s’y trame ? Vouloir braver les interdits peut sembler excitant à première vue, en tout cas plus que de s’infliger 95 minutes de file d’attente. Massacre dans le train fantôme représente typiquement le fantasme ultime des jeunes abrutis que nous sommes où avons été. Lorsqu’une soirée placé sous le signe du divertissement fini par dégénérer après avoir foutu les pieds où il ne fallait pas dans le but de s’offrir quelques sueurs froides. Je ne vous apprendrai rien si je vous disais qu’au début des années 80, le slasher était alors en pleine effervescence. Véritable bal masqué de tueurs déguisés aux particularités à la fois familière et singulière qui dispose de tout un assortiments d’outil à disposition : feuille de boucher, couteau de cuisine, hache, machete, perceuse, tronçonneuse, c’est fini n’en jetez plus. À chacun son arme de prédilection pour réguler toute cette jeunesse dévoyée. L’avantage du genre était surtout d’être peu onéreux et de rapporter gros aux studios.


Ce n’était qu’une question de temps avant que Tobe Hooper ne cède de nouveau aux sirènes du milieu après avoir peiné à confirmer les nombreux espoirs placé en lui. Rappelons que 8 ans plus tôt, il livra un glorieux coup d’éclat ayant marqué à jamais l’histoire du cinéma. C’était l’occasion pour lui d’orchestrer un nouveau jeu de prédation et de sacrifier une nouvelle génération sur l’autel de la barbarie. Le sujet lui permet surtout d’ausculter une nouvelle cellule familiale dysfonctionnelle et dégénéré dans l’univers festif et bariolé d’une fête foraine, ce qui constitue d’ailleurs le décorum idéal à pervertir avec ces freaks et bonimenteurs tout azimut. Et si le train fantôme est toujours l’attraction la plus plébiscité pour ceux qui aiment s’octroyer une bonne dose de frisson, il peut parfois aussi laisser des marques indélébiles dans votre caleçon. Bien conscient des règles qui régissent ce sous genre, le réalisateur s’en empare pour mieux les tourner en dérision comme dans l’introduction, référence assumé à Psychose et Halloween, afin de faire d’un speech très classique, un véritable film de monstre mélancolique, noir et cauchemardesque.


La menace se veut latente, l’atmosphère pesante, les jeunes gens vont d’abord faire la rencontre de plusieurs gitans et marginaux un peu inquiétant avant finalement de tomber nez à museau face au danger. Le monstre revêt une apparence commune puisqu’il est affublé d’un masque très répandu, celui de la créature de Frankenstein. Et pour cause le tueur a tout en commun avec la création de Mary Shelley, ce n’est qu’un grand gamin qui ne sait pas tout à fait ce qu’il fait. Il ne tue qu’avec ses mains et n’agit que par auto-défense, frustration ou obéissance à son père. Le fait divers part tout de même d’une tentative d’intrusion et de vol des adolescents. Personne n’est donc tout blanc ni tout noir dans cette histoire. Alors que l’on se complaît d’habitude à fustiger les gens du voyages de voyous, voilà les rôles inversés et les envahisseurs coincés à l’intérieur, voilà ce qui arrive aux resquilleurs ! Le masque de croquemitaine qui sert d’habitude à terroriser est ici employé à cacher la difformité d’un handicapé plus animal que la pire des bêtes inventés par Rick Backer. Une fois encore, le « massacre » du titre ne sera que suggéré parce que derrière ce nouveau carnage se noue surtout un drame familiale bien moins racoleur et scabreux que son versant Texan. Reste que le film est un tour de manège honnête et divertissant que l’on appréciera tout autant pour sa sensibilité et son climat de terreur à défaut d’avoir assisté à un réel bain de sang.


Tu veux ta dose de frissons et d’adrénaline pour Halloween ? Rends-toi sur l’Écran Barge où tu trouveras des critiques de films réellement horrifiques, situés à mi-chemin entre le fantasme et le cauchemar.

Le-Roy-du-Bis
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le 15 oct. 2023

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