Massacres dans le train fantôme par Mickaël Barbato
A être trop précoce, on risque de se brûler les ailes. Malheureusement, Tobe Hooper rentre dans ce cas de figure. Son premier film, Massacre à la Tronçonneuse, a non seulement redéfini tout un genre mais a aussi projeté sur le devant de la scène un réalisateur qui était loin d'avoir atteint la maturité nécessaire. Pour preuve son second effort, l'honnête Le Crocodile de la Mort, mais qui n'atteint jamais les sommets titillés par son film devenu culte. Se plus, le style de Hooper, qui mélange comédie et terreur, n'est pas encore assez maîtrisé quand Spielberg décide de lui confier Poltergheist, certes réussi mais officieusement bouclé par le papa d'ET.
Mais avant cette grosse production, qui sonnera la déchéance du réalisateur texan malgré son succès retentissant, il signa un petit film d'horreur assez méconnu et pourtant important pour comprendre la destinée de Hooper : Massacres dans le train fantôme.
Quatre adolescents et le petit garçon Joey se retrouvent dans une fête foraine et décident de passer la nuit dans le train fantôme. Dans les sous-sols ils assistent au meurtre d'une femme par un tueur portant un énorme masque de Frankenstein.Une poursuite terrifiante va alors s'engager dans ce train de l'enfer.
Dès l'ouverture, Hooper annonce la couleur en parodiant deux classiques de l'épouvante : Halloween et Psychose. Un enfant se déguise et organise toute une mise en scène afin d'effrayer sa grande soeur, sous sa douche. La séquence est filmé à la première personne, comme dans le classique de Carpenter, pour se terminer dans une séquence reproduite quasiment à l'identique, musique stridente à l'appui, de celle du non moins classique film signé Hithcock. On a là toute l'ambivalence du style Hooper : la séquence marche plutôt bien, créée un certain suspens mais on ne peut s'empêcher de ressentir le sourire en coin de l'auteur, ce qui s'avère parfois assez désagréable.
Après cette ouverture, il faut bien avouer que le film sombre peu à peu dans une trame somme toute assez classique, avec une description d'un groupe de jeunes plutôt banal. ainsi, on se retrouve avec une fille vierge, entourée d'un brave gars mais pas aussi pur, et d'un couple déluré. Ce qui a pour effet de couper court à tout suspens quand au final : on sait tout de suite qui s'en sortira et qui va souffrir. De plus, Hooper prend toujours autant de plaisir à décrire des protagonistes insupportable, dans le but facilement compréhensible de prendre plaisir à les voir mourir. Efficace dans un film comme Massacre à la Tronçonneuse, où cette envie est contrebalancé par l'horreur de la situation créant un malaise évident, dans le présent film ça ne va jamais aussi loin et se révèle un effet gratuit et mal maîtrisé. On pourra tout de même saluer le traitement du bad guy, monstrueux enfant déformé (bon maquillage signé Rick Baker, qui officia pour Hurlements) et torturé par son aspect physique repoussant.
Heureusement, c'est visuellement que le métrage trouve un certain intérêt. La situation, les quatre jeunes enfermés dans une attraction pour une nuit, se trouve être un prétexte à une photo efficace, en lumière naturelle pour les séquences extérieures, et pleine de couleurs et d'éclairages étranges dans l'attraction, ce qui créé une impression d'action dans un univers autre, dans une autre dimension. L'aspect factice des décors d'un tel endroit sert une ambiance parfois oppressante, même si un manque évident de liant dans le montage fait qu'on ne s'approprie jamais réellement le lieu et, finalement, amoindri l'impact de la situation qui ne dépasse jamais le stade de la farce horrifique.
Et, malgré l'ensemble d'une qualité moyenne, il reste certaines séquences où Hooper montre qu'il a du génie. Notamment une scène de meurtre, dans un conduit d'aération. L'éclairage s'y trouve être remarquable, plongeant dans l'ombre le visage de la bête, en laissant uniquement sa silhouette et ses pattes visibles pour le spectateur. D'une certaine intensité, ce qui achève d'asseoir la petite déception après le générique de fin, tant on se dit que ce réalisateur se perd dans l'humour à peine noir, mais surtout dans une ironie désagréable.
On l'aura compris, ce Massacres dans le train fantôme est une oeuvre essentielle afin de comprendre un peu plus le mystère Tobe Hooper, son cinéma qui est bien loin d'être un "faiseur d'épouvante" comme l'a suggéré son premier film. D'une qualité très modeste, et surtout témoignage du quiproquo entourant sa filmo...