Masss la menasss

Ceci est mon premier film bollywoodien, vous comprendrez donc aisément que je ne puisse le comparer à la concurrence et que mon avis sera biaisé. De nombreux éléments du film sont sans doute classiques de Bollywood, je suis incapable de le dire. J'ai déjà vu quelques extraits de films indiens sur le net et je suis évidemment au courant pour les scènes de comédies musicales, mais je ne suis pas du tout coutumier de ce cinéma, le but de mon visionnage étant justement de tenter l'expérience.

Je ne parlerai pas ici du synopsis du film car ce n'est pas nécessaire pour l'appréhender, tout ce qu'il y a à savoir c'est qu'il s'agit d'un film mêlant action et comédie. Je dirai que le scénario est correct, il intrigue par moments, il émeut un peu parfois. Ce n'est pas lui que l'on retiendra, mais on dira qu'il fait à peu près le job pour ce genre de production. Ce qui m'a le plus "choqué" dans ce film, c'est son rythme. On dirait que le montage scénaristique a été confié à un enfant tant il enchaîne rapidement les scènes, cela rend les transitions très confuses. On ne perd pas de temps, on ne fait pas de pause, on passe direct de la fin d'une poursuite à une arrivée dans un hôtel menaçant. Les éléments scénaristiques sortent de nulle part, la relation amoureuse entre le héros et la fille se poursuit à la vitesse de l'éclair, on a l'impression que les scènes se collent les unes après les autres sans nous laisser souffler. Il devient alors assez difficile de suivre les sous-titres tant les dialogues partent vite et passent d'une idée à l'autre, en plus les sous-titres de ma séance étaient peu lisibles et incroyablement bâclés avec des fautes partout. Bref, le rythme est déstabilisant autant que fatigant au début avec son montage clipesque, mais cela se calme par la suite pour finir par même se montrer curieusement ennuyant par moments. Sans doute la durée (2h25) qui se combine mal aux nombreux dialogues explicatifs.

Cette parenthèse sur le rythme étant terminée, qu'en est-il du reste ? C'est plutôt rigolo. La partie humoristique a ses hauts et ses bas, ma difficulté à suivre la vitesse des dialogues pouvant jouer sur ma compréhension des gags. Il faut accepter le surjeu, surtout celui du sidekick qui bouge ses mains comme un italien parkinsonien accro à la caféine. Mais quelques répliques font malgré tout mouche, la famille indienne présente à ma séance a été très réceptive. J'aime bien notamment cette brève destruction du mythe de la moustache indienne. Un autre élément a apporté un certain comique involontaire : chaque apparition à l'écran d'une bouteille ou d'une clope est accompagnée d'un logo nous prévenant des risques de l'alcool ou du tabagisme, tandis que les marques d'alcool sont floutées. On se croirait dans Demolition Man avec ses détecteurs de gros mots. C'est certainement culturel, mais ce rappel sanitaire systématique m'a amusé comme un running gag.

Un autre élément de Masss qui est absolument typique du cinéma bollywoodien est son action totalement décomplexée. On a droit a des exagérations assez fendardes au début, surtout un duel de motos complètement surréaliste et délicieux par son ralenti nawak. Des ralentis, vous en aurez beaucoup dedans. Ça et des changements de plan clipesque pour mettre en valeur le héros façon publicité pour voitures. C'est un style, moi j'aime bien mais ça devient un peu redondant par la suite. Les scènes d'action de la fin sont moins inspirées, moins énormesques et nous font juste enchaîner les projections de méchants, c'est fort dommage.

Le personnage principal est joué par Surya, une star locale dont le nom apparaît dans l'intro en écritures aussi grosses que le titre, et dont l'arrivée a provoqué l'admiration d'un membre de la famille indienne de ma séance. Il fait le job du beau gosse et se débrouille lors des scènes de danse. Ces dernières sont dans le pur style du cinéma indien avec ses pas décomplexés (c'est-à-dire un peu ridicules) et ses costumes de carnaval. Elles ont le mérite d'être plutôt bien amenées et j'ai bien aimé la BO. Cette dernière se montre omniprésente dans le film, très tapageuse et rythme les scènes en passant du coq à l'âne. Cela rejoint ma remarque sur l'enchaînement des scènes, on a très peu de transitions dans le passage d'une musique à l'autre et ces dernières appuient les scènes de manière souvent exagérées. Un peu comme les films d'horreur où la musique lance de brusques TINTIIIIINNNN. Là aussi c'est un style, moi je trouve ça rigolo.

Masss, un film pressé qui fonce à toute allure pour nous offrir plein de choses à voir, quitte à nous perdre en chemin. On adore ou on déteste sa réalisation, mais force est de reconnaître qu'elle est travaillée si on oublie ses effets spéciaux bollywoodiens. Faut suivre son délire, son surjeu, son humour particulier, ses dialogues parfois confus (saletés de sous-titres). Il offre de bons moments, mais il s’essouffle un peu sur la fin. Il faut également tacher d'oublier un élément de fin lamentable (la vengeance, c'est un accomplissement de soi). Mais j'ai apprécié ce style, nul doute que je tenterai d'autres films indiens à l'avenir.