Lointains horizons en tempête

Un majestueux film d'aventures à l'ancienne avec les grands moyens d'aujourd'hui, sans plus de prétention.
Ce jeu du chat et de la souris est cruel et haletant, on est sans cesse à l'affût des prochaines astuces des uns des autres pour être le mieux placé à foutre sa bordée de canons à l'adversaire.
Et le film s'aventure comme un poisson dans l'eau vers d'autres pistes que le suspense et l'action : une longue séquence presque immobile harassante, la malédiction du vent à zéro et du soleil brûlant ; les affres psychologiques de la vie à bord, la promiscuité étouffante de l'équipage côtoyant les repas décadents et aristocratiques des officiers ; une promenade naturaliste éblouissante des merveilles des Galapagos ; une déchirante scène d'"abandon d'homme à la mer utile" en pleine tempête au son d'une musique bouleversante...
C'est malin, très bien écrit et dialogué, subtil et souvent inattendu. Du beau travail de reconstitution et des acteurs (Russell Crowe et Paul Bettany en tête, mention spéciale à l'enfant blond qui interprète avec fougue le rôle complexe de Lord Blakeney) à leur meilleur.
Avec une fin, illustrée par La musique nocturne des rues de Madrid, de Boccherini, qui compte parmi les plus enlevées du cinéma d'aventures.