J'ai beaucoup aimé ce vieux film, qui semble sentir la naphtaline et avoir résisté à l'usure du temps et des mites, tant il m'a diverti...
Contrairement à d'autres films sortis à l'époque, celui-ci ne cherchait pas à taquiner la censure pour voir jusqu'où les productions pourraient la transgresser au nom de la liberté d'exprimer son art.
Il sent outre la naphtaline le budget d'austérité et la sagesse. Son tournage en noir et blanc ne fait qu'accentuer cette impression de misérabilisme alors que la couleur commençait à être omniprésente sur les grands écrans...
Jean-Louis Richard (1927-2012 (Jean-Marius de son vrai prénom) signait ce film comme réalisateur mais il était plus connu comme scénariste et acteur (1927-2012) que dans la mise en scène : il n'a réalisé que quatre films et celui-ci est probablemment son meilleur : il avait en effet réalisé le score enviable de 1 364 5433 entrées en salles l'année-même où les gendarmes de Saint-Tropez rendaient célèbre le port, et ses jolies plages environnantes aux seins nus !
Pourtant, pour avoir touché un peu à tout, cette figure du cinéma est disparue quasiment dans l'indifférence générale... Oubli dû peut-être au fait qu'il s'était retiré du "chaud-bize" depuis 2000, année où il fut atteint par la maladie d'Alzheimer... Peut-être aussi parce qu'il était un des plus proches collaborateurs de Truffaut qui lui confiait ses scénarii destructeurs...et qu'il exerçait sdans l'ombre ?
Il fut aussi le mari éphémère de Jeanne Moreau (1949-1951) mais dire que leur relation était tumultueuse friserait l'euphémisme... On comprendra peut-être mieux les raisons de la présence de la belle actrice dans son film, la paix revenue... D'autant que Trintignant qui lui sert comme un de ses "faire-valoir" est ici superbe et lui donne une réplique épatante. Toute cette romance semble encore si actuelle !
Les deux stars ont probablement été pour beaucoup dans le succès de ce film, tout comme la réputation sulfureuse de la gourgandiine Mata-Hari.
La prestation de Moreau est d'une étonnante sobriété (par rapport à BB par exemple) puisqu'on ne découvrira de ses appâts qu'une poitrine à peine apparente sous un voile légèrement vaporeux...
encore qu'il ne s'agisse peut-être pas de la vraie mais d'un artifice ?...
Pour avoir vu nombre de documentaires sur la belle espionne, je vous conseillerai de ne pas vous laisser attrapper par toutes les couleuvres que voudrait nous voir ingérer Richard...
Mata Hari n'a eu d'espionne que le nom et me rappelle cet ambassadeur de Russie auquel un de mes collègues remettait confidentiellement un exemplaire du Chaix (horaires de trains SNCF) que le dignitaire mettait tout aussi secrètement dans la valise partant en URSS... Avec une bouteille de genièvre de Houlle (rappelant la vodka) Mata Hari n'était donc qu'une pseudo-espionne et c'est probablement les potins qu'elle connaissait sur les hommes qui l'ont courtisée qui ont signé sa fin dans le quasi-dénuement et désintérêt...
La romance qu'on nous évoque est donc amusante, les ruses de sioux déployées dans le scénario également, mais tout ça se laisse gentiment voir et facilement comprendre. C'est reposant pour l'esprit, mais n'a aucune valeur historique.
Et ça c'est le meilleur compliment qu'on puisse lui faire !
Arte le 21.11.2021