Désireux de se distinguer de ses précédentes réalisations, Woody Allen sort des sentiers battus en 2005 avec Match Point qui est certainement un de ses meilleurs films des années 2000, voire peut-être le meilleur.
Match Point, c'est un peu l'histoire d'un Bel-Ami qui aurait d'une part sous-estimé sa capacité à mettre en marche l'ascenseur social, et d'autre part surestimé sa capacité à ne pas craquer sur la première blonde qui passe. Trop fort, trop vite en quelque sorte.
A ce titre, je pense qu'il est important de souligner l'importance du casting. Jonathan Rhys-Meyers est parfait dans ce rôle de menteur cynique. Son regard perçant est presque déstabilisant, son assurance lorsqu'il parle empêche toute répartie. En bref, il a la tête de l'emploi: tout pour être détestable, mais un côté fascinant qui fait qu'on ne peut que s'intéresser à lui. Scarlett Johansson illumine, que dis-je, irradie la pellicule dès sa première apparition et on comprend d'entrée qu'elle n'apportera que des problèmes, mais au même titre que Chris fascine, Nola attire et ne laisse pas indifférent. Enfin, Emily Mortimer est parfaitement choisie avec son air un peu naïf, un peu nunuche même; elle incarne la victime idéale. Elle saute dans le piège de la séduction à pieds joints et apporte avec elle argent, travail, et appartement avec vue sur la Tamise. Le jackpot en gros.
On note dans Match Point une écriture bien plus poussée que les autres réalisations d'Allen version années 2000, avec une partie finale délicieuse qui nous balade jusqu'au tout dernier moment à l'aide de plusieurs rebondissements successifs. A ça, nous pouvons ajouter une radiographie malheureusement très juste de la haute société londonienne et ses private member clubs qui vous propulsent dans un nouveau monde une fois que vous avez mis un pied dans la porte.
Fini de rire donc pour Woody Allen qui nous prouve si besoin en était qu'il est capable de narrer un récit bien plus ambitieux que ce qu'il a pris l'habitude de faire. A la fin du film, on lui en voudrait presque car il nous prouve que s'il se force à sortir de sa routine, il peut frapper fort.