Si le film se laisse regarder sans trop d'ennui, certainement il le doit moins à sa valeur intrinsèque qu'à la qualité de l'oeuvre de Jules Verne. Typique des films d'aventure de l'époque et des coproductions franco-italiennes (et espagnole ici), le film de Georges Lampin s'applique à suivre les grandes lignes du roman et profite des nombreux rebondissements et incidents qui émaillent le destin de Mathias Sandorf.
Mais que la mise en scène de Lampin est pauvre! La médiocrité de la direction d'acteurs, et sa naïveté surtout, prêtent souvent à sourire d'autant que le réalsateur, maladroit et simpliste, élude la dimension métaphysique du sujet. D'une part, à aucun moment il ne sait exalter, sinon de façon lourdement symbolique, le rêve républicain de liberté porté par le peuple; d'autre part, Lampin simplifie à l'extrème les cas de conscience qui touchent beaucoup des personnages et qui constituent un thème majeur du roman. On a crié à la trahison (de l'oeuvre littéraire) pour moins que ça.