On adore le livre Matilda, on a une grande sympathie pour la version filmique de DeVito, on raffole des comédies musicales, du Pride (un condensé d'émotions, si vous ne l'avez pas vu : foncez) de Matthew Warchus, et d'Emma Thompson (of course). Mais, que s'est-il passé ? Comment Netflix a pu rater la recette qui mélange uniquement de bons ingrédients ? Netflix doit s'être appelé Rachel Green dans une autre vie (les fans savent), car à empiler n'importe comment les couches, on se retrouve avec un produit immangeable. Les chansons sont instantanément oubliables, le film est trop long (2h), les acteurs sont en surchauffe (surtout Alisha Weir qui a l'air de jouer sa vie à chaque plan), les effets numériques se voient, les chorégraphies sont étrangement énervées (les gamins ont abusé du kilo de sucre), et surtout, surtout, surtout : ils ont massacré le propos de base. Matilda, c'est une œuvre pionnière et un peu seule dans son domaine, car elle met en scène le regard sévère d'une société sur les (jeunes) femmes intelligentes et indépendantes. Le propos est bien là : une jeune fille qui lit, se cultive au détriment de ce que ses parents (abrutis par la télévision et les apparences superficielles) lui beuglent au ras du nez. Et là, Netflix a renversé le discours façon crumble improvisé ("oh zut, j'ai échappé la tarte...") : la gamine est discriminée uniquement parce qu'elle est une fille (le grand classique, qui n'existe pas dans le bouquin, au-dessus de ce genre de facilités), exit toute subtilité (ce que DeVito, malgré toute la balourdise de sa mise en scène, avait quand même su conserver). Seule Emma Thompson s'amuse avec son costume qui semble sur le point d'exploser (surtout au niveau de la poitrine, on devine que le bouton tremble à chaque mouvement du bustier, et risque de partir façon tir de magnum 38), et les enfants qui n'ont aucune idée de ce qu'était la vraie Matilda du livre et du film, devraient apprécier (c'est tellement dopé au sucre qu'ils ne décrocheront pas). Avant que Netflix se pointe avec la chantilly (on sent qu'avec le succès de ce film, on va avoir d'autres fournées de Roald Dahl vite adaptés, vite consommés), on propose à Thompson de faire un mouvement brusque, histoire de flinguer cette idée en plein cœur.