Est-il vraiment besoin de présenter Matrix ?
On est en 99, les gens s'en foutent de l'Euro et/ou râlent dessus.
Moi j'ai eu mon bac, je vais rentrer en fac, là c'est vous qui vous en foutez.
Sauf que...
Sorti de ma cambrousse, il m'a fallu attendre la rentrée scolaire pour m'installer "dans la grande ville" prendre le phénomène Matrix dans la mouille.
Vous allez me dire "t'avais pas le Net ou quoi ?".
Non, c'était en 99, je n'avais pas encore le Net et du coup je n'avais pas encore redoublé.
Bref, fin du 3615 MYLIFE, c'est en septembre que je vais voir Matrix pour la première fois.
Bon là, ma note sur le film vous a déjà mis en garde : c'est la grosse claque.
Scénaristiquement, si quelque chose de semblable avait déjà vu le jour, ça n'avait à ma connaissance pas bénéficié d'une telle publicité, ni d'un tel accueil, ni d'un traitement d'une telle qualité.
Technologiquement, c'est tout de même un tournant dans le monde du cinéma depuis Star Wars. Les effets spéciaux sont vraiment mis au service de l'histoire.
Esthétiquement, conséquence du point précédent, le film est très léché et la chorégraphie des combats est une véritable danse à l'oeil, pour ne citer que cela.
J'apprendrai plus tard que ce n'est qu'une transposition occidentale de choses déjà existantes (au moins en partie) dans des films asiatiques dont les Wachowsky sont friands.
On retrouve un côté réaliste à l'univers, à l'instar de ce qu'on avait pu apprécier dans Blade Runner ou, on y revient, Star Wars :
les vaisseaux ont vécu, c'est pas du chrome rutilant à tous les étages, les personnages ne sont pas des héros en puissance au premier abord, et l'humanité n'est pas tout belle, toute gentille.
Les personnages sont torturés (mais pas trop), nuancés (mais pas trop), spéciaux (mais pas trop).
Le casting est, à mon sens, bien pesé.
La présence de Keanu Reaves est tout à fait justifiée, ce qui est suffisamment rare pour être relevé (ce garçon a un discernement sans commune mesure pour sélectionner scrupuleusement des films de daube, Matrix a dû passer à travers les mailles).
La bande son est juste à se rouler par terre et, même si on peut déplorer l'absence totale de compositions originales, les oreilles se régalent.
[Digression]
Vivement la partie "Musique" sur SensCritique.
[/Digression]
L'histoire avait évidemment tous les atouts pour hameçonner le bon geek que je suis.
Ça n'a pas raté.
Des ordinateurs dans tous les sens, des geeks séduisants et qui deviennent des héros, la technologie omniprésente.
Le film est également vecteur de beaux sentiments, mais sans dégouliner de guimauve, i.e. la race humaine porte en elle ce qu'il faut pour s'en sortir (et surtout, s'est mise toute seule dans cette galère), i.e. l'histoire d'amour est niaise mais pas trop, et même avec une dimension plus large que la simple relation entre deux êtres.
Bref, sans faire d'angélisme, un film proche de la perfection, en tout cas en plein dans MA vision de la perfection, y compris 10 ans après.
Seul bémol, relativement anecdotique : un "product placement" un peu trop "obvious" à mon goût. C'est d'ailleurs le premier film où la chose m'a sauté aux yeux à ce point. J'imagine que le budget "effets spéciaux" nécessaire y était pour quelque chose.
Anecdote toujours, c'est le premier film que je suis allé voir plusieurs fois au cinéma.
10 ans après, je crois n'avoir vu que 3 films plus d'une fois au cinéma (Matrix, Wall-E, Le Seigneur des Anneaux premier du nom).
Le mot de la fin :
Matrix reste pour moi *UN* film.
Il n'existe pas de trilogie.