Quatre ans après être entrés dans la matrice, les spectateurs découvraient la suite des aventures de Neo, Morpheus et Trinity dans Matrix Reloaded, nouveau plongeon dans un monde virtuel à l’allure bien réelle.
Matrix Reloaded commence directement dans l’action, montrant Trinity aux prises avec des agents dans une scène hallucinante où les deux adversaires se tirent dessus en pleine chute libre depuis le haut d’un immeuble, avant que Trinity ne soit gravement blessée et ne chute sur une voiture, menant au réveil de Neo, qui était manifestement en train de rêver, ou d’avoir une vision. Après l’apprentissage qui était au cœur du premier film, vient le temps de la confirmation, avec un Neo capable de voir la matrice telle qu’elle est et non telle qu’elle apparaît aux yeux des autres, et aux pouvoirs et capacités bien plus développés, le rendant quasiment invincible, même face aux agents qui étaient jusqu’ici impossible à battre.
Ce second film introduit également la ville de Zion, jusqu’ici seulement mentionnée, nous faisant découvrir toute la société souterraine qui s’est bâtie malgré le joug des machines et la désolation qui règne à la surface. Matrix Reloaded va donc davantage s’intéresser à la réalité et à la menace qui pèse sur l’humanité, qui s’apprête à subir un assaut de la part des machines, continuant à alterner avec des détours dans la matrice, essentiels pour comprendre l’origine du problème et tenter d’endiguer ce nouvel assaut. Déjà présente dans le premier film, l’action l’est encore plus dans Matrix Reloaded, qui continue de creuser le propos philosophique précédemment introduit, tout en proposant un spectacle encore plus démesuré.
Impossible de ne pas citer la séquence centrale débutant avec le combat contre les gardes du Mérovingien, jusqu’à la conclusion de la folle course poursuite sur l’autoroute, représentant environ un quart d’heure d’action quasiment ininterrompue, multipliant les prouesses visuelles, les trouvailles et les moyens déployés. Ici, il n’y a plus de limites, les combats s’avérant encore plus aériens et dépourvus de limite, comme on le voit également lors des affrontements entre Neo et les multiples répliques de l’Agent Smith, devenu incontrôlable et seul maître de lui-même. A côté, le développement de l’univers de la ville de Zion permet d’alimenter le bagage philosophique et sociologique de la saga, notamment sur le rapport des Hommes vis-à-vis des machines, auxquelles ils ont donné vie et qui aujourd’hui cherchent à les détruire, elles qui servaient les Hommes pour les rendre indépendants.
Ce Matrix Reloaded multiplie aussi les références, en pensant par exemple à Perséphone, la femme du Mérovingien, rappelant le nom de la femme d’Hadès, dieu grec des Enfers qui avait ravi cette femme au monde des vivants, et qui semble ici aussi faire preuve d’une défiance à peine dissimulée vis-à-vis de cet Hadès virtuel qui s’amuse à jouer avec la vie des autres dans ce monde souterrain. On pense aussi au discours galvanisant de Morpheus dans la grotte géante de Zion, qui rappelle le discours de Maria dans Metropolis, lointain ancêtre de Matrix qui reprend et étend les thématiques du film de Fritz Lang. Venant questionner la foi, la place des Hommes sur le monde et leur pouvoir sur ce dernier, Matrix Reloaded fait accéder la saga à la maturité après un épisode basé sur l’initiation du héros, confirmant les grandes ambitions de ses réalisatrices pour offrir cette suite au moins aussi impressionnante et riche en discours sur notre monde.
Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art