Il y a énormément à dire sur ce Matrix Reloaded, ou plutôt à dénoncer.
Certains vantent le mérite formel de cet épisode en avance sur son temps. Je ne vois pas en quoi être le creuset de la fange dans laquelle Besson et consorts se vautre peut faire l'objet d'une quelconque fierté.
Tout est dit dès la toute première séquence, celle du rêve : ce qui était maîtrisé est désormais poussé jusqu'au caricatural et au grotesque et le sang neuf esthétique est devenu gimmick. C'est moche, tout simplement.
L'arrivée à Zion est mal gérée, oscille entre candeur un peu pathétique et verbiage creux.
Mais c'est généralement lors de cette rave party qu'on comprend l'ampleur du désastre. Clip vidéo MTV, érotica façon M6, publicité pour gel douche, le tout sur fond de musique à vous fiche la nausée. Si Matrix premier du nom fautait déjà au niveau de l'OST, ancrant irrémédiablement le film en 1999, Reloaded fait bien pire, ne se contentant pas de dater le massacre, mais bien de le perpétrer.
Alors qu'entre le premier et celui-ci nous avons eu droit à un Tigre et Dragon qui offrait une finesse dans le baroque des combats excessifs, une poésie visuelle, Reloaded se contente d'une surenchère lourde, plutôt laide, quelques fulgurences mises à part. Matrix premier du nom se contentait déjà de recycler coté action des ficelles bien en place dans le cinéma HK, mais il le faisait avec une certaine classe, et les assimilait, en offrait une relecture. En voulant s'affranchir de ses influences, Reloaded ne réussit pas à imposer son rythme ni son style, et d'un jeu de références aux limites du numérique intelligemment mis en place dans le premier, on bascule en plein dans ces dites limites, et le résultat n'est pas beau à voir.
Et je ne parle pas des Albinos, aussi ridicules conceptuellement qu'esthétiquement, ravalant l'ensemble à de la Bessonnerie.
Niveau contenu scénaristique, un twist relativement intéressant, du verbiage, de l'esbroufe, à coups de phrases alambiquées, de patchwork de références, et on se retrouve avec une flaque d'eau trouble qui tente de donner l'illusion de la profondeur d'un lac. Et ça ne marche pas. On se rend bien vite compte qu'en 20 minutes incluant scènes d'action, de baise douche comprise, on pouvait torcher ça de façon bien plus élégante...
Je vais achever ma séance d'autoflagellation avec le 3eme, histoire de trouver des bonnes choses en comparaison dans cet épisode.
Et oui, j'allais oublier, finir sur un cliffhanger, c'est vraiment bas, à croire que l'absence de contenu du film n'était un secret pour personne, pas même pour les deux infâmes qui l'ont commis!